La CPI invitée à juger Bosco Ntaganda pour crimes commis au Nord-Kivu

L'ex-chef milicien Bosco Ntaganda lors de l'ouverture de son procès à la CPI le 2 septembre 2015. © ICC-CPI

La classe politique et la société civile du Nord-Kivu ont salué jeudi 3 septembre l'ouverture depuis la veille à la Haye aux Pays-Bas du procès Bosco Ntaganda, accusé des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en Ituri entre 2002 et 2003. Ces acteurs souhaitent que le prévenu soit aussi poursuivi pour d'autres crimes graves qu'il aurait commis dans les deux Kivus, alors qu'il était  commandant des forces rebelles du  Congrès national pour la défense du peuple (CNDP).
 
Le procès de Bosco Ntaganda, ex-général des FARDC et ancien chef militaire  de la milice du Front populaire pour la libération du Congo (FLPC) en Ituri, est au centre des cercles de conversation dans la ville de Goma.

Quelques acteurs socio-politiques saluent le début du procès. Mais ils disent attendre la décision de la Cour pénale internationale dans un bref délai pour décourager, estiment-ils, d'autres seigneurs de guerre encore actifs à l'Est de la RDC.
 
«C'est un salut pour nous, les gens de Goma. De la Province Orientale jusqu'au Nord-Kivu, nous savons qu'il (Ntaganda) était avec d'autres personnes et nous aimerions qu'elles soient citées  pour que, elles aussi, soient jugées»,  a souhaité un habitant de Goma.

La coordination provinciale de la société civile souhaite, quant à elle, que les crimes commis par le prévenu dans les deux Kivus soient directement mis à sa charge par la CPI, au cours de ce procès.
«La plupart des organisations de la société civile réclament que les bévues qu'il (Ntaganda) a  commises au Nord-Kivu soient aussi mises à sa charge ; pour qu'il puisse s'expliquer par rapport au recrutement d'enfants soldats,  aux tueries qu'on avait observées. Ça sera une leçon pour les autres (seigneurs de guerre)», a estimé Etienne Kambala, membre de cette structure citoyenne.
 
Intervenant au cours de la conférence hebdomadaire des Nations unies mercredi à Kinshasa, le chargé de communication de la CPI dans la capitale congolaise, Paul Madidi, a assuré que des enquêtes sur des présumés crimes commis par Bosco Ntaganda au Nord-Kivu étaient en cours.
 
«Il y a des enquêtes en cours par rapport aux allégations des crimes commis dans le Kivu. Des allégations qui concernent un peu tous les groupes, tous les groupes actifs dans le Kivu. Ça va de CNDP, M23 et même les FARDC sont concernés par ces enquêtes», a déclaré M. Madidi.
 
«Les vrais commanditaires»
 
Pendant ce temps, l'Unité de sensibilisation de la CPI en RDC a organisé jeudi à Bunia, capitale provinciale de l'Ituri, une séance de retransmission en différé du premier jour du procès Ntaganda. Durant la projection, un silence de mort a régné dans la salle, occupée par une cinquantaine des personnes venues de toutes les couches sociales de Bunia.

Dans l'assistance, il y avait notamment des défenseurs des droits humains, curieux de suivre la lecture par le greffier de la Cour des dix-huit chefs d'accusation à l'encontre de Bosco Ntaganda ainsi que la déposition de la Procureure.
 
Ensuite, l'Unité de sensibilisation de la CPI a lancé le débat, afin de connaître les attentes de la population locale par rapport à ce procès.

Beaucoup de participants ont recommandé un procès rapide et équitable. Par contre, certains ont demandé à la Cour de bien tenir en compte la déclaration de l'ex-chef milicien; selon laquelle il s'était volontairement rendu à la cour pour dire la vérité sur les crimes commis dans la région.

Bosco Ntaganda n'était pas le premier responsable de ces crimes, ont soutenu d'autres participants au débat, appelant la Cour à approfondir les enquêtes "pour ramener à la barre les vrais commanditaires."

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