RDC: la majorité salue la liste de candidats gouverneurs, l’opposition crie au «retour du parti-Etat»

A droite, des urnes pour les élections de 2011, présentés par la Ceni le 01/11/2011 au Palais du peuple à Kinshasa, lors du forum sur l’état des lieux du processus électoral en RDC et sur la campagne électorale en cours, organisé par la Ceni. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

La Majorité présidentielle (MP) et la dynamique de l’opposition n’émettent pas sur la même longueur d’ondes sur la liste définitive de candidats gouverneurs et vice-gouverneurs des 21 nouvelles provinces de la RDC publiée vendredi 11 mars par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). La MP se félicite de voir notamment les candidatures de tous ses membres proposés validés par la Ceni. De son côté, l’opposition redoute un «retour du parti-Etat en RDC».
 
Le porte-parole de la MP, André-Alain Atundu, parle d’une victoire préliminaire de sa formation politique :

«Maintenant que nous venons de gagner la bataille préliminaire en terminant en pole position, nous nous préparons à confirmer ce leadership en raflant la mise de vingt-et-une provinces, si possible.»

Alain Atundu Liongo, porte-parole de la majorité présidentielle, lors d’une conférence le 12/11/2015 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Il félicite les autorités de la MP, qui ont présenté des dossiers «complets des ‘gouvernables’ et surtout félicité le professionnalisme de nos avocats, qui ont réussi à convaincre les juges des cours d’appel sur la conformité de nos candidatures par rapport à la loi.»

A la question de savoir si ça ne gênait pas les animateurs de la MP de s’enthousiasmer pour une élection où il n’y a pas d’adversaires, André-Alain Atundu réagit :
«Nous gêner en quoi, puisque nous n’avons pas triché, nous n’avons fraudé ? » 

«Retour du parti-Etat en RDC»
 
Pour sa part, le G7 voit dans la publication de cette liste définitive un «retour du parti-Etat en RDC». Hubert Tethika, communicateur du G7 et porte-parole de l’Arc, déclare :

«Je note par ailleurs que le caractère indépendant de la candidature, la Majorité présidentielle s’assoit dessus en refusant aux gens surtout de jouir de leurs droits civiques. C’est extrêmement grave! Il y a donc lieu d’ailleurs de craindre pour toutes les élections à venir car ne peuvent y participer que ceux qui seront membres de la MP. Les Congolais doivent donc savoir qu’on est passé du MPR-parti Etat à la MP-parti Etat. Donc, c’est du circulez, il n’y a rien à voir.»

Il estime que le fait que la plupart des cours d’appel aient  invalidé les candidats indépendants pourtant retenus sur la liste provisoire de la Ceni, «suite à une requête introduite par la Majorité présidentielle », dénote l’inféodation de cette justice au pouvoir en place et un recule la démocratie. Selon lui, chacun de ces juges qui ont traité de cette affaire sera à son tour jugé par sa conscience.

Hubert Tethika estime que ce verdict pourrait avoir un impact négatif sur la situation politique du pays:

«Doit-on vraiment, vraiment, en âme et conscience, aller au dialogue [convoqué par le président Joseph Kabila] avec des gens pareils ? Parce que la question se pose aujourd’hui plus qu’hier. Moi, je pense qu’ils (dirigeants de la MP) n’ont qu’à prendre des décisions seuls et à faire ce qu’ils veulent de cette République, parce que la République c’est eux, et personne d’autre.»

«Nous ne sommes pas concernés»
 
Même son de cloche de la part d’une autre plate-forme de l’opposition, la Dynamique de l’opposition, qui pense que l’élection des gouverneurs telle qu’organisée par la Ceni dans les nouvelles provinces, constitue la consécration de l’anarchie;  d’autant plus que la base qui devrait élire ces gouverneurs est illégale et illégitime.
Joseph Olenghankoy, le modérateur de la Dynamique de l’opposition, explique :

«De toutes les façons, cela a été dit clairement que pour nous cette affaire des élections de la Ceni des gouverneurs ne concernait pas la Dynamique [de l’opposition]. Nous allons de l’anarchie en anarchie. »

L'opposant Joseph Olenghankoy, président de Fonus. Photo Radio Okapi

Selon lui, le président Joseph Kabila est perdu par tous les chemins, ne sachant par où passer. «C’est comme ça que vous voyez, tantôt  il nomme des commissaires généraux, tantôt, il revient pour dire non, on doit faire les élections. Mais la base qui doit élire les gouverneurs a perdu sa légitimité. Ils n’ont ni la légalité, ni la légitimité», a-t-il affirmé.
 
Le mémorandum que les membres de la Dynamique de l’opposition avaient remis dernièrement à la Ceni, d’après la même source, indique clairement que cette plate-forme n’est pas concernée par le scrutin prévu le 26 mars. «Nous laissons les morts enterrer leurs morts», a conclu Joseph Olenghankoy.
 
La Commission électorale nationale indépendante a publié vendredi 11 mars la liste définitive des soixante-six candidats à l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs de 21 nouvelles provinces. La publication de cette liste est intervenue au lendemain de la clôture de traitement des recours dans les différents cours d’appel.
 
Selon le rapporteur de la Ceni, Jean Pierre Kalamba, des 41 recours déposés dans les cours d’appel, 10 requêtes ont été jugées recevables et fondées, 18 recevables mais non fondées, 10 irrecevables et 3 cas de désistement.

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