RDC: l’exploitation de l’or finance des groupes armés, selon Global Witness

Des creuseurs dans une mine artisanale au Sud-Kivu (2006).

Des groupes armés du territoire de Shabunda, dans la province du Sud-Kivu, se sont vu offrir des armes et de l’argent par une entreprise minière chinoise qui exploite de l’or dans ce territoire, dénonce un rapport de l’ONG Global Witness publié mardi 5 juillet. 

Ces groupes armés ont dégagé, selon le même rapport,  jusqu’à 25 000 dollars par mois en extorquant des mineurs locaux lors de la récente ruée vers l’or qu’a connue cette région pendant deux années. 

« Rien qu’en l’espace d’un an, de l’or d’une valeur pouvant atteindre les 17 millions de dollars, produit par l’entreprise chinoise Kun Hou Mining, s’est volatilisé, ayant probablement quitté le Congo en contrebande pour gagner les chaînes d’approvisionnement internationales », révèle Global Witness.

Les éléments mis à jour par l’ONG montrent qu’à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, des autorités minières auraient délibérément falsifié des documents pour dissimuler tout lien des minerais exportés avec Shabunda. Ils ont ainsi modifié l’origine de l’or sur les documents d’exportation officiels, indiquant qu’il provenait des quelques mines artisanales du Sud-Kivu opérant légalement, indique le rapport.  

Parallèlement à ce phénomène, l’État congolais, du fait de la contrebande et du comportement répréhensible des autorités provinciales, n’a pas perçu les recettes fiscales qu’il aurait dû dégager des 38 millions de dollars d’or artisanal produit chaque année pendant cette période de ruée vers l’or le long de la rivière Ulindi, renseigne l’ONG.

D’après des éléments réunis par Global Witness, une autorité provinciale s’est entendue avec des groupes armés pour taxer les mineurs de manière illégale.

L’enquête de l’ONG révèle que les autorités locales ont aussi collaboré avec les Raïa Mutomboki (une milice locale), s’accordant sur le partage des recettes fiscales.

Les taxes perçues par les autorités semblent s’être volatilisées, privant ainsi le Congo de revenus indispensables qui auraient pu être investis dans ses secteurs de la santé et de l’éducation, indique ce rapport.

« Du fait de leurs actions ces deux dernières années, les autorités provinciales chargées de superviser la ruée que connaît actuellement Shabunda ont directement porté atteinte aux efforts internationaux ainsi qu’à ceux du gouvernement national visant à réformer le commerce de l’or artisanal de l’est du Congo », mentionne Global Witness.  

Le rapport recommande au gouvernement congolais d’appliquer ses propres lois pour veiller à ce que les entreprises dans son secteur aurifère ne produisent ou ne vendent pas d’or qui a servi à financer des groupes armés.

Global Witness demande aussi au gouvernement de sanctionner toute entreprise qui enfreint ces lois.

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