Le Phare : «Kodjo lance le dialogue dans la confusion»

 

Le facilitateur de l'Union africaine pour le dialogue politique en République Démocratique du Congo, Edem Kodjo lors d'une réunion du groupe de soutien le 4/08/2016 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

Deux sujets suscitent les commentaires des journaux parus ce mercredi 24 août à Kinshasa : le démarrage des travaux du comité préparatoire du dialogue par le facilitateur et le déroulement de la journée ville-morte décrétée mardi par le Rassemblement.
 
C’est pratiquement dans la douleur que le facilitateur de l’Union Africaine pour le dialogue en République Démocratique du Congo, Edem Kodjo a lancé hier à l’Hôtel Béatrice les travaux du «Comité préparatoire» du dialogue, rapporte Le Phare, précisant que cette cérémonie s’est déroulée sur fond des contestations émanant spécialement des activistes de la société civile présents dans la salle. 
 
Selon le quotidien, aussitôt après son allocution, des voix se sont élevées dans les rangs de la société civile pour dénoncer les méthodes de travail du diplomate togolais, qu’ils accusent d’avoir trafiqué leur liste.
 
Face à cette tension qui montait à l’intérieur de la salle, le Facilitateur a paru totalement dépassé et son discours fortement chahuté, mettant mal à l’aise des invités de marque, raconte le tabloïd.
 
Le journal note par ailleurs l’absence remarquable des leaders des partis membres du « Rassemblement » de l’opposition et leurs alliés à ces assises ainsi que celle de Jean-Bertrand Ewanga, délégué de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) de Vital Kamhere à Comité.  
 
En l’absence de ces leaders des partis d’opposition, le journal se demande si le facilitateur Edem Kodjo va prendre le risque de les ignorer jusqu’au bout.
 
Un son de cloche qui tranche avec celui de L’Avenir qui, commentant cette actualité, estime que le train du dialogue a quitté  mardi 23 août la gare de la contestation, des contraintes et des préalables au dialogue, en embarquant les délégués de la Majorité présidentielle, de l’opposition et ceux de la société civile, parties prenantes au dialogue. Le journal reconnait cependant que ce train a  démarré mais sans le « Rassemblement » issu de Genval/Bruxelles qui refuse de prendre place à bord.
 
Le quotidien estime que ce refus s’inscrit plutôt dans un scénario de la mise à sac du pays mis en œuvre « par les radicaux de cette plate-forme politique, déterminés à mettre en exécution leurs lugubres projets d’arriver au pouvoir quel qu’en soit le prix ». Un projet qui, croit savoir le quotidien, est voué à l’échec.
 
Pour sa part, La prospérité précise que les membres du comité préparatoire du dialogue ont quatre jours pour amender, compléter ou valider l’avant-projet du document devant servir de base au Dialogue, un document préparé par le Groupe de travail mis en place, en mai dernier, et finalisé par l’équipe technique du Facilitateur Edem Kodjo. 
 
Ce document, poursuit le quotidien, propose des éléments méthodologiques et normatifs, des modalités du déroulement du Dialogue, une liste de sujets à inscrire à l’ordre du jour, des règles de base et un régime disciplinaire de ce forum.
 
Cependant, fait observer le quotidien, la date effective du Dialogue proprement dit reste encore à fixer.
 
«Ville morte»
 
Les journaux de Kinshasa parus ce mercredi ont également commenté le déroulement de la journée-ville morte décrétée mardi par le « Rassemblement» de l’opposition.
 
Selon L’Avenir, tout a bien fonctionné dans la capitale de la République Démocratique du Congo malgré l’appel à la journée ville-morte lancée par l’opposition. Dans les marchés, les femmes vendeuses ont aussi rempli leur devoir quotidien,  même les magasins des expatriés ont ouvert, rapporte le quotidien, estimant d’ailleurs que le déploiement de la Police nationale congolaise constaté durant la journée du mardi n’a servi à rien, la ville ayant été calme.
 
Sauf, dans quelques poches, en l’occurrence la commune de Limete, fief de l’Union pour la Démocratie et le progrès social (UDPS/Etienne Tshisekedi), reconnait le quotidien pour qui cependant, la journée de mardi a été «  une ville-morte ratée ».
 
Même son de cloche du côté de Forum des as qui, décrivant le déroulement de cette journée annoncée « ville morte » par le Rassemblement, parle de «la chronique d’une mort annoncée mais qui tourne court ». A en croire le quotidien, dès les aurores, la grande ville a tenu à rester debout et à dévorer à belles dents sa journée de mardi malgré « la mort annoncée de la journée ».  
 
Pour le quotidien donc, « Kinshasa devait mourir mais la ville a refusé de mourir », commente le tabloïd avant de conseiller  aux initiateurs de cette manifestation de demander toujours l’avis de ceux pour qui la "mort" de la ville-capitale est aussi synonyme de diète dans le foyer avant d’envisager toute action du genre car précise-t-il, «si les commanditaires de ces actions de paralysie collective ont de quoi tenir des mois durant, ce n’est pas le cas pour la majorité des Congolais».
 
Le Phare n’est pas de cet avis. Le quotidien qui décrit cette journée estime que «l’appel du  Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement  à la journée ville morte a été largement suivi dans plusieurs villes du pays dont Kinshasa.  A en croire le quotidien, les lève-tôt sont restés aphones jusqu’autour de 9 heures à Kinshasa. Durant toute la journée du mardi dans la ville, aucun usager du transport en commun ne s’est bousculé pour le transport. 
 
Les rares chauffeurs qui ont décidé de se mettre sur la route ont eu du mal à trouver des «clients» rapporte le quotidien. Par ailleurs, fonctionnaires de l’Etat, cadres et agents des entreprises publiques de même que des employés des sociétés et services privés ont opté pour une journée sans travail. «Tout le monde a bien constaté une chose : Kinshasa a passé le mardi 23 août dans la morosité», a tranché le quotidien.