Edem Kodjo : «Je ne compte pas déployer des efforts particuliers pour contraindre qui que ce soit à adhérer à l’accord»

Invité de Radio Okapi, Edem Kodjo affirme avoir accompli la mission lui confier par l’Union africaine (UA) pour l’organisation du dialogue politique, dont il était le facilitateur.

Edem Kodjo : En réalité je dois dire que la mission me confier par l’Union africaine a été accomplie. J’étais venu ici pour résoudre tous les problèmes liés au processus électoral. Il fallait probablement le consentement de tous. Un vrai consensus pour arriver à quelque chose de durable. Mais, nous nous sommes rendus compte que c’était devenu impossible, parce que quel que soit les interventions des Nations unies, de l’Union africaine, de la société civile et même de la CENCO, une frange de l’opposition ne voulait absolument pas venir au dialogue. Mais nous avons travaillé sur base de revendications que cette frange a toujours avancé.

Radio Okapi : Au nombre d’embuches rencontrées tout au long de la facilitation, lesquelles vous ont le plus fascinées, fatiguées et énervées ?

Edem Kodjo : Il y a eu beaucoup d’embuches et quelques surprises désagréables. Par exemple, nous avions des rapports avec l’UDPS qui se sont traduits par des accords qui ont été signés pour réglementer le dialogue depuis le comité préparatoire jusqu’à la fin du dialogue. Alors, quelle n’a pas été notre surprise, après avoir subi des critiques d’autres partis de l’opposition qui pensaient que nous étions seulement avec l’UDPS. Rappelez-vous que dans ce pays, nous avons été pointés du doigt pour avoir eu l’UDPS comme point de mire et de référence. Quelle n’a pas été notre surprise un jour de recevoir une lettre de récusation pure et simple pour des motifs qui n’ont jamais été éclaircis, mais que nous connaissons bien. Aujourd’hui, c’est clair qu’à partir de Genval, on ne voulait plus de négociations, on voulait plutôt utiliser d’autres méthodes. Donc, ça été l’une de nos plus grosses déceptions.

Radio Okapi : Les travaux du dialogue ont abouti à un accord politique. Mais vous avez dit que cet accord reste ouvert à ceux qui n’ont pas participé à ce forum. Si en deux mois vous n’arrivez pas à les convaincre de se joindre à vous, comment comptez-vous les faire adhérer à cet accord qu’ils rejettent ?

Edem Kodjo : Je ne compte pas déployer des efforts particuliers  pour contraindre qui que ce soit à adhérer à l’accord, sans un acte de volonté à ceux qui voudront. S’ils le rejettent déjà je ne sais pas sur quelle base cet accord est rejeté et qu’est-ce qui est proposé en face. Je n’ai rien vu comme propositions cohérentes pour constituer une solution de rechange. Donc, l’accord est ouvert comme on l’a voulu. Ceux qui voudront adhérer le font et ceux qui ne veulent pas n’y adhèrent pas.

Radio Okapi : Le draft que vous aviez proposé auparavant semblait potable et appréciable, selon une certaine opinion par rapport à l’accord lui-même qui a été signé. Le projet proposait une période de transition ou intérimaire. Le Premier ministre du gouvernement de large union nationale ne devait pas se présenter aux prochaines élections. On n’a plus retrouvé ce texte. Comment expliquer cela ?

Edem Kodjo : Le Premier ministre devait démissionner trois mois en avance, parce que ça nous paraissait comme quelque chose de normal. De ce point de vue, cela garantissait dans le déroulement politique, une certaine équité. Mais, c’est un accord entre Congolais. Si les Congolais décident autrement, qu’est-ce que vous allez faire. Ils ont pensé que ce n’était pas nécessaire que le Premier ministre démissionne trois mois avant et pourrait se présenter aux élections comme toute le monde. Nous avons fait comme ils veulent.

Radio Okapi : Etes-vous assuré que cet accord sera appliqué ?

Edem Kodjo : Je vous répondrai que je n’en sais rien. Ce que je sais ce que nous avons de commun accord signé cet accord. Si une partie décide de ne pas le respecter, elle prendra ses responsabilités devant l’histoire et tout le monde verra qui a respecté et qui ne l’a pas fait. Il y a un comité de suivi qu’on a voulu national au lieu de l’internationaliser. On a quand même marqué dans une phrase que l’Union africaine et d’autres institutions  internationales pourront de temps en temps envoyer les délégations  pour vérifier la façon dont  l’accord est respecté. Tout cela est clair pour nous.

Radio Okapi : Que pensez-vous de l’idée selon laquelle il faut organiser un deuxième dialogue plus inclusif ?

Edem Kodjo : Vous avez entendu le commissaire de l’Union africaine lorsqu’il parlait de cette affaire. Il n’a laissait aucune porte ouverte à un second dialogue. Et donc, je ne peux que lui emboiter les pas pour dire que le nouveau dialogue va réunir qui ? Moi je pense qu’avec le commissaire de l’Union africaine, nous allons commencer à travailler sur l’accord qui vient d’être fait, essayer de le mettre en application et exhorter les uns et les autres à l’appliquer.

Propos recueillis par Jeef Ngoy