Joseph Kongolo: « La disparition d’Etienne Tshisekedi va laisser un trou béant »

Etienne Tshisekedi est décédé le 1er février à Bruxelles en Belgique. Sa disparition intervient au moment où la Majorité présidentielle et le Rassemblement de l’opposition cherchent à se mettre d’accord sur les modalités d’application de l’accord politique signé le 31 décembre dernier pour permettre la gestion du pays pendant la transition jusqu’à l’élection du prochain président de la République.
Nous avons interrogé l’analyste politique Joseph Kongolo sur la disparition de l’opposant historique. Pour lui, la disparition de « Ya Tshitshi » va laisser un grand vide.
Entretien.

Radio Okapi : La nouvelle vient de tomber. Le président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi n’est plus. Quelle est votre réaction à cette disparition ?

Joseph Kongolo : C’est une triste nouvelle particulièrement pendant ce temps crucial pour la RDC parce que cette nouvelle est venue ajouter la tristesse au peuple congolais. Une icône de la politique congolaise vient de partir, un Monsieur qui a fait pratiquement 30 ans sur la scène politique congolaise en étant la carte maîtresse de la politique congolaise. Lors de grandes crises, c’est la personnalité d’Etienne Tshisekedi qui était au premier plan, soit pour résoudre le problème, soit pour l’atténuer. Aujourd’hui, nous avons des preuves du poids de sa personnalité politique sur le cours des évènements en RDC dans le processus de résolutions des conflits qui est en cours. Sa mort doit porter un coup très dur au processus mais aussi à tout le combat millénaire d’un peuple pour la consolidation de la démocratie en RDC. Il y a un trou béant que sa disparition aura laissé, non seulement au front pour la démocratie mais aussi pratiquement dans la vision de la politique de la RDC.

Qu’est-ce que vous retiendrez de l’homme politique Tshisekedi ?

Une personnalité exceptionnelle à tout point de vue. Il a eu à affronter un des plus grands dictateurs d’Afrique. [Il est] l’homme qui a donné le goût de la politique et surtout les prémices de la démocratie en RDC, qui a résisté à l’ensemble des assauts du grand dictateur Mobutu, qui a tenu tête à Kabila père. Et Kabila fils le rencontre aujourd’hui sur son chemin. Je crois qu’il a un parcours exceptionnel à tout point de vue et je crois qu’il mérite d’être honoré avec dignité. Je crois qu’un monument à son honneur ne serait pas excessif.

Maintenant que Tshisekedi n’est plus, pensez-vous que l’UDPS va tenir longtemps ?

C’est aujourd’hui que nous allons voir si ses collaborateurs les plus proches ont reçu quelqu’un chose d’Etienne Tshisekedi. C’est là le début d’une nouvelle histoire de ce parti. Nous allons voir si Tshisekedi a bien investi ou si l’ensemble de ses collaborateurs ont reçu quelque chose de cet homme. Nous allons voir s’ils vont se souder autour de cette personnalité malgré sa disparition ou s’ils vont chercher à se positionner. C’est maintenant que nous pouvons juger avec précision si la postérité Tshisekedi existe ou pas.

Que deviennent les négociations directes entre la Majorité présidentielle et le Rassemblement après la mort d’Etienne Tshisekedi ?

Je pense qu’aujourd’hui, tous ceux qui croyaient que Tshisekedi leur faisait de l’ombre, c’est le moment de sortir pour essayer de rassembler l’opposition et de se ressaisir de manière à continuer le processus, arriver jusqu’au bout et organiser les élections au mois de décembre comme il a été arrêté dans l’accord du 31 décembre. Je pense que c’est un défi pour l’ensemble de la classe politique congolaise et pour l’ensemble des acteurs du Rassemblement, surtout ses sages. C’est le moment de prouver leur sagesse. Nous allons juger de leur sagesse après la mort de Tshisekeid, s’ils peuvent prendre le relais pour faire aboutir ce processus qui est en cours.

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Interview réalisée par Pellet Kipela.