Ted Beleshayi, jeune militant de l’UDPS: «Etienne Tshisekedi est un symbole de courage»

C’est à l’âge de 13 ans qu’il se prend d’admiration pour Etienne Tshisekedi. En 2001, Ted Beleshayi est un élève de deuxième année dans un collège à Kinshasa. Il doit faire un exposé sur un livre choisi au hasard. Le livre sur lequel Beleshayi doit travailler parle du Maréchal Mobutu. Dans l’ouvrage, il découvre Etienne Tshisekedi.

« J’ai vu le personnage Mobutu. J’ai regardé l’homme qui s’opposait à lui. Je me suis dit : il est bien courageux cet homme », se souvient encore Ted.

La lecture de ce livre lui révèle un homme pour qui il va vite éprouver de l’admiration. Sans vraiment s’intéresser à la politique, le jeune élève cultive pendant quelques années cette admiration sans s’engager. Il lit la presse, découvre les principaux acteurs politiques congolais et commence à prendre goût à la politique.

En novembre 2016, nous avons demandé à Ted Beleshayi de nous parler d’Etienne Tshisekedi, un homme dont il apprécie tant le courage.

A l’occasion du décès de l’opposant historique, nous publions ce que nous confiait le jeune militant il y a quelques mois au sujet du « Sphinx de Limete ».

« Symbole de courage »

Né après la création de l’UDPS, Ted Beleshayi est de la jeune génération de l’UDPS. Quand on l’interroge sur l’héritage qu’Etienne Tshisekedi laisse aux jeunes générations dont il fait partie, il parle du courage.

Le « héros » dont il a découvert le combat dans un livre sur Mobutu est un « symbole de courage ».

« Pour moi, il est le symbole du courage. Tshisekedi est un intellectuel qui a du courage, qui s’oppose quand il faut s’opposer. C’est quelqu’un qui a su dire non. Dans notre société, il n’y a pas beaucoup de gens qui osent dire non. […] Il nous a appris à dire non. Dans la vie, il faut apprendre à dire non. Mais un non qui sauve. Il faut s’assumer et dire non. Ça peut vous amener à renoncer à certaines choses », explique Ted Beleshayi.

/sites/default/files/2017-02/20170203-entretien-beleshay1_1min53sec.mp3

Il affirme que l’opposant historique a fait de lui le jeune militant « décomplexé » qu’il est devenu.

«Moi je me sens décomplexé de parler du pays, d’avoir un ton, d’être incisif quand il le faut, de se considérer comme quelqu’un dont la voix compte», souligne Ted Beleshayi.

« Je m’attendais à voir un homme bouillonnant… »

Cet exemple de courage, Ted Beleshayi le rencontre pour la première fois après les élections de 2011 lors d’un échange de vœux.

Une rencontre que le jeune homme n’a jamais oublié. Cinq ans après, quand nous l’avons interrogé, il en parle encore avec émotion.

« On s’est serré la main. C’était extraordinaire », raconte le jeune militant.

Ce qui frappe Ted Beleshayi de cette première rencontre, c’est le calme du vieux leader politique.

« Il dégageait un calme qui rassurait. Pour moi, c’était impressionnant qu’il soit aussi calme.

Il parle peu. Il est très calme. Il observe. Ça m’a impressionné. […] Je m’attendais à un homme bouillonnant. J’ai vu quelqu’un de très calme et de très serein », relate Beleshayi.

/sites/default/files/2017-02/20170203-entretien-beleshay2_1min26sec.mp3

Quelques mois avant, Ted Beleshayi était devenu militant de l’UDPS. Ce qui le décide à s’engager, c’est la défaite d’Etienne Tshisekedi à la présidentielle de novembre 2011.

Au terme d’une élection entachée d’irrégularités [selon plusieurs pbservateurs nationaux et internationaux], Etienne Tshisekedi termine deuxième derrière Joseph Kabila qui est réélu pour un second mandat. L’opposant rejette ces résultats et revendique la victoire.

Ted Beleshayi en est convaincu : Etienne Tshisekedi a remporté cette élection.

« Je me suis senti humilié. Pour moi, ma voix ne comptait pas », affirme-t-il dépité.

Jusqu’en novembre 2016, Ted Beleshayi croyait encore qu’Etienne Tshisekedi finirait par diriger la RDC. « Même pendant deux ans », nous confiait-il.

Quand nous lui avons demandé ce qu’il voulait qu’on écrive sur la tombe d’Etienne Tshisekedi, il a répondu :

« Tenez bon, tenez bon. Le peuple vaincra ! »​

Lire aussi sur radiookapi.net: