RDC : la Monusco fustige la tentative d’assassinat du docteur Mukwege

Dr Denis Mukwege, gynécologue rendu célèbre mondialement pour les soins administrés aux femmes victimes des violences sexuelles dans les provinces du Nord et Sud Kivu en RDC. Photo droits tiers

La Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) a fustigé, mercredi 31 octobre au cours de sa conférence de presse hebdomadaire, la tentative d’assassinat du Dr. Mukwege, responsable de l’hôpital de Panzi au Sud-Kivu qui soigne les femmes victimes des violences sexuelles. Pour le porte-parole de cette mission, Madnodje Mounoubai, ce médecin devrait bénéficier d’une protection spéciale.

« Une personne de cette trempe devrait pouvoir marcher tout le long de ce pays en toute sécurité. Aujourd’hui je pense que la meilleure protection que Dr. Mukwege pouvait avoir serait de s’entourer d’un mur pétri de l’expression de l’horreur de l’acte qui a été commis contre lui. Vous pouvez vous imaginer ce que la mort d’une personne comme Dr. Mukwege pouvait être ? », s’est interrogé Madnodje Mounoubai.

La résidence du Dr. Mukwege a été attaquée jeudi 25 octobre par des hommes armés. Lui et sa famille ont été évacués samedi dans la matinée pour Burundi. Aux dernières nouvelles, ils se trouveraient en Belgique.

« Je pense que le Dr. Mukwege fait partie de ceux dont l’Afrique doit être fière. Il est comme le Dr. Lurhuma, il doit être considéré dans la trempe de Cheikh Anta Diop. »

Le Docteur Lurhuma, professeur à l’Université de Kinshasa (Unikin) et son collègue Shawfik, annoncèrent en 1987 avoir découvert un traitement pour lutter contre la pandémie du VIH.  Cheikh Anta Diop (né le 29 décembre 1923 à Thieytou-mort le 7 février 1986 à Dakar) est un historien, anthropologue et homme politique sénégalais. Il a mis l’accent sur l’apport de l’Afrique et en particulier de l’Afrique noire à la culture et à la civilisation mondiales.

Madnodje Mounoubai pense qu’il est anormal que le Dr. Mukwege qui passe ses jours et ses nuits pour aider [des femmes victimes de violences sexuelles] puisse faire l’objet d’une telle attaque.

« C’est vrai que nous sommes tous appelés à mourir c’est vrai aussi que chaque vie humaine est importante mais il y a des vies lorsqu’elles s’éteignent elles créent une plus grande obscurité parce que leurs vies illuminent un plus grand espace », a déclaré Madnodje Mounoubai.

La France condamne

Depuis Paris, la ministre chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui, demande aux autorités congolaises de faire arrêter les auteurs de l’attaque du docteur Mukwege. Dans un communiqué relayé par l’Agence France presse qu’elle a signé, elle a affirmé que ce médecin « il incarne les plus belles valeurs d’humanisme et de défense des plus meurtris, notamment des femmes dites butins des guerres ».

Yamina Benguigui dit reconnaître le mérite du docteur Mukwege, « plusieurs fois cité pour le prix Nobel de la Paix ».

Le Dr. Mukwege a fondé l’Hôpital de Panzi, à Bukavu pour offrir des soins gratuits et complets aux victimes de violences sexuelles. Dans cette région déchirée par la guerre, la violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre, perpétrée de façon stratégique, afin d’instaurer un climat de terreur et prendre le contrôle de zones riches en minerais.

Le traitement proposé par l’Hôpital de Panzi combine une prise en charge psychologique, médicale et sociale, afin d’aider à surmonter les traumatismes auxquels font face de nombreuses victimes après leur agression.

Au-delà de son travail à l’Hôpital de Panzi, le Dr. Mukwege a aussi été récompensé pour son plaidoyer sans relâche en faveur des victimes de violences sexuelles en République démocratique du Congo.

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