RDC: les salariés accèdent aux crédits bancaires à des conditions difficiles

Rassemblement des fonctionnaires le 03/04/2012 à la place Golgota à Kinshasa- Gombe. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Le crédit bancaire devient de plus en plus accessible aux agents de plusieurs entreprises congolaises par rapport aux années antérieures, ont fait remarquer certains experts, lundi 1er juillet à Kinshasa. Mais face au risque que courent encore les entreprises financières pour récupérer leurs prêts, celles-ci soumettent parfois les demandeurs à des conditions très difficiles: de courtes échéances de remboursement, des taux d’intérêt parfois élevés, des retenues de salaire exagérées, ect.

Le taux d’intérêt dans la plupart des banques commerciales installées à Kinshasa varie entre 1 et 3% l’an, pour les salariés qui sollicitent un crédit.

Cette matière nécessite aussi une certaine éducation financière, parce  qu’elle est peu comprise du grand public.

Malgré tout, les banques octroient des crédits aux travailleurs qu’elles jugent crédibles et qui logent leurs salaires dans leurs institutions.  Et pour récupérer  leurs prêts, les banques ne peuvent pas, selon la loi en la matière, retenir plus de 30% du salaire mensuel au demandeur de crédit.

Curieusement, face à la concurrence qui devient rude dans le secteur et dans le souci d’accorder de grands montants à leurs clients, certaines  banques vont jusqu’à retenir 50% du  salaire mensuel aux demandeurs des crédits.

Protéger le consommateur

«Moi, on m’avait octroyé un crédit de vingt mois de salaire », a témoigné un bénéficiaire, précisant que, selon l’accord conclu avec sa banque, celle-ci devrait retenir à la source plus de 40% de son salaire mensuel. 

Cette pratique n’est pourtant pas autorisée. Les banques se couvrent par un engagement écrit du demandeur de crédit, qui autorise pareille retenue.

En cette matière, c’est la Banque centrale du Congo (BCC) qui joue le rôle de régulateur. Son directeur adjoint de la surveillance des intermédiaires financiers, Jean-Marcel Kalubi Kayembe,  a condamné cette pratique :

«Par rapport à la protection du consommateur, nous sommes en train de travailler là-dessus pour mettre en place une réglementation conforme aux standards internationaux. Les institutions financières ne doivent pas pousser les clients dans un cycle d’endettement ou de surenendettement infernal

Jusque là, a noté une analyste, aucune mesure n’est donc prise pour éviter ce genre de dérapage. Mais l’institut d’émission des monnaies a rassuré que d’ici la fin du mois de septembre, elle procéderait à une enquête sur l’évolution de ces conditions d’octroi de crédit par les banques.

Rétablir la confiance

Dans une interview à Radio Okapi  le 1er février 2010, le président de l’Association congolaise des banques, Michel Losembe, avait indiqué que l’objectif des banques commerciales et de  la Banque centrale du Congo était d’augmenter graduellement le taux de bancarisation en RDC :

«L’objectif principal et des banques qui viennent s’installer en RDC et de banques existantes qui étendent leurs activités est de « ré-intermédier » l’économie. Vous savez que le Congo est le pays le plus sous bancarisé au monde. Nous avons au moins 300 ou 350.000 comptes en banques pour un pays de plus de 60 millions habitants. Ça fait 0,2 % de la population qui est bancarisée. »

L’activité des crédits n’intervient qu’en deuxième position, avait-il poursuivi, parce que les banques sont là, premièrement, pour collecter l’épargne. Elles ne créent pas l’argent qu’elles prêtent. Elles sont là pour prêter les fonds qu’elles collectent.

«Il faut que les Congolais aient, à nouveau, confiance dans leur système financier, qu’ils viennent y déposer les fonds qui circulent pour l’instant en espèces. A partir du moment où les banques deviennent le gardien de cette liquidité, elles vont commencer à financer les parties de l’économie qui en ont besoin et créer un effet de levier qui permette un décollage économique», avait souhaité Michel Losembe.

Les banques peuvent prêter à long terme si les déposants leur confient leur argent à long terme. Or, selon lui, la RDC sort d’une longue période d’instabilité économique (les années 90 – 2000) et les gens n’ont pas une grande capacité d’épargne.

«Les autorités monétaires étudient comment elles peuvent rendre les banques plus sûres, à travers un certain nombre de réformes de contrôle, pour que celles-ci ne faillissent pas à leur devoir et que les gens leur fassent confiance. Il y a des bailleurs de fonds également qui discutent avec les banques pour voir comment mettre à leur disposition des fonds à long terme», avait annoncé la même source.

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