Attentats de Paris : la traque se concentre sur un réseau franco-belge

La banlieue de Bruxelles a servi de base arrière aux terroristes, dont au moins trois Français. Un membre présumé des commandos est toujours recherché.

Le Belgique comme base arrière

Menant une enquête éclair sur les attentats qui ont endeuillé le cœur de Paris et le Stade de France, avec un bilan provisoire de 129 morts et 350 blessés dont 42 toujours en réanimation, les policiers ont établi qu'au moins trois Français figuraient parmi les sept kamikazes. Et que la Belgique a servi de base arrière aux commandos, juste avant que ces derniers ne sèment la mort.

Nombre de liens y convergent. D'abord parce que deux Français résidant à Bruxelles ont été formellement identifiés au nombre des terroristes. L'un d'eux vivait même dans le très populaire quartier de Molenbeek, abritant depuis vingt ans les auteurs de plusieurs attentats djihadistes. Ensuite, parce que deux voitures immatriculées en Belgique ont été retrouvées à Paris.

L'une d'entre elles, la Polo Volkswagen noire, a amené le commando au Bataclan. Retrouvée abandonnée après le carnage non loin de la salle de spectacle, elle avait été louée au début de la semaine par un Français dans la région bruxelloise. Une source proche du dossier confie au Figaro que cet «objectif» qualifié de «prioritaire» est activement recherché par les enquêteurs.

Un appel à témoins lancé

En fin de journée, la police nationale a diffusé sur son compte Twitter un appel à témoins visant Salah Abdeslam, Français né le 15 septembre 1989 à Bruxelles. Il mesure 1,75 m et a les yeux marron. «Individu dangereux, n'intervenez pas vous-même», précise le message qui préconise de composer le «197 alerte attentat».

En effet, l'homme pourrait être le dernier des «huit frères» dont le groupe État islamique fait mention dans son texte de revendication. Selon un scénario que les enquêteurs tentent encore d'étayer, Salah Abdeslam est soupçonné d'avoir conduit la Seat Leon noire qui a servi lors de l'indicible équipée décimant les clientèles de trois établissements des Xe et XIe arrondissements.

Trois kalachnikovs retrouvées dans une Seat

Après ces tueries, ce complice ou coauteur présumé aurait laissé la voiture devant un immeuble à hauteur du 16, rue Édouard-Vaillant, à Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Par coïncidence, cette adresse est précisément celle d'une ancienne mosquée radicale dont l'imam a été expulsé en 2010 vers l'Égypte avant que le lieu de culte ne soit définitivement fermé.

Dans l'habitacle de la Seat retrouvée dans la nuit de samedi à dimanche, vers 1 heure du matin, les policiers ont récupéré trois kalachnikovs. Il s'agit selon toute vraisemblance des armes avec lesquelles 300 coups de feu ont été tirés en rafales, faisant près de 40 morts et de nombreux blessés. La voiture est passée au crible par la police scientifique pour retrouver des empreintes et des échantillons susceptibles d'attribuer un nom à ses occupants.

En alerte maximale sur tous les axes routiers traversant le nord de la France, les forces de l'ordre ont multiplié les barrages volants. Samedi, à 9 h 10, les gendarmes d'un peloton autoroutier ont contrôlé à hauteur de Cambrai une Golf noire à l'intérieur de laquelle circulaient trois personnes. Un des passagers faisait l'objet d'une fiche de signalement conseillant aux gendarmes de prendre discrètement son identité et de le laisser repartir. Dont acte. Ce n'est que peu après que les policiers ont fait le lien avec Salah Abdeslam. La voiture contrôlée a été interceptée par leurs homologues belges en fin d'après-midi, à Molenbeek-Saint-Jean. Deux des passagers ont été interpellés, mais pas le suspect numéro un, qui demeurait toujours introuvable dimanche soir. Au total, sept personnes ont été arrêtées en Belgique.

Trois frères retiennent particulièrement l'attention des enquêteurs, dont l'un est mort dans les attentats. Un autre, placé en garde à vue en Belgique, a été libéré, selon une source policière française, une information toutefois démentie par le parquet belge. La Belgique, à son tour, a émis un mandat d'arrêt international contre Salah Abdeslam.