Jean-Pierre Bemba défie la CPI à l’ouverture de son procès pour subornation de témoins

La salle d’audience de la Cour pénale internationale (CPI) est, pour l’occasion, bien trop étroite. Jamais la procureure n’avait conduit dans le box cinq accusés en même temps. Mais ils ne sont pas là pour génocide ou crimes contre l’humanité. Jean-Pierre Bemba, Aimé Kilolo, Jean-Jacques Mangenda, Fidèle Babala et Narcisse Arido sont poursuivis pour corruption de témoins. L’ex-vice-président de la République démocratique du Congo (RDC) subit, ici, son second procès devant la Cour.

Entre 2010 et 2014, il a été poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003, et c’est dans le cadre de cette première affaire que, selon l’accusation, les cinq hommes auraient corrompu quatorze personnes, toutes appelées à témoigner en faveur de l’ex-vice-président.

Debout, les deux poings sur la table, dans la position du lutteur, Jean-Pierre Bemba plaide, « bien sûr, non coupable sur toutes les charges qui ont été retenues ici », dès le début de l’audience. Son ancien avocat, Me Aimé Kilolo, se lève à son tour et prononce ces mots qu’il a si souvent entendus de la bouche de ses propres clients : « Monsieur le Président, je plaide non coupable au regard des charges alléguées », puis jette un regard noir de colère vers les bancs de l’accusation pendant que les autres accusés plaident eux aussi non coupables.

Une affaire « pour préserver la justice »

C’est en quelque sorte pour l’exemple, que la procureure, Fatou Bensouda, a engagé l’affaire. « Pour préserver la justice », explique-t-elle aux trois juges, pour s’assurer que « personne, aujourd’hui ou dans le futur, ne peut pervertir le cours de la justice ». Aux cinq hommes, elle reproche donc d’avoir voulu « forcer la main de la justice ».

Jean-Pierre Bemba aurait été le « coordinateur » de l’opération, mise en œuvre par son ancien avocat, Me Aimé Kilolo et par Jean-Jacques Mangenda, un membre de son équipe de défense. Fidèle Babala, le député et secrétaire général du Mouvement pour la libération du Congo (MLC), le parti de M. Bemba, aurait géré les finances tandis que Narcisse Arido aurait recruté quatre témoins. Mais c’est en tout quatorze témoins qui auraient été corrompus, se présentant comme des soldats du MLC pour appuyer la thèse de Jean-Pierre Bemba, selon laquelle ses soldats n’étaient pas à l’époque sous son commandement.