Katumbi: "Je suis devenu l'homme à abattre"

La tension monte chaque jour un peu plus entre le président Kabila et Moïse Katumbi, l'ancien gouverneur du Katanga.

"Entre ces deux-là, d'ici la fin de l'année, il y aura de la casse." Derrière ces mots, un ancien ministre de Joseph Kabila, aujourd'hui largement en retrait de la scène politique. "Ils se connaissent trop bien et Kabila a bien compris que Katumbi était la personne la plus dangereuse pour lui. Le printemps sera chaud entre ces deux hommes. Evidemment, le président Kabila a l'avantage de disposer de tous les moyens qu'offre sa fonction. Mais Katumbi, lui, peut compter sur la détestation que le peuple congolais ressent, dans sa grande majorité, à l'égard de Kabila. En plus, Katumbi joue sur du velours et le temps joue pour lui. Kabila est en fin de son second mandat. Il n'a pas réussi à réviser la Constitution et il n'y parviendra pas", conclut l'ex-minnistre à nos confrères de la Dernière Heure.

"S'il ne créé pas le chaos, il ne sera plus président et comme il n'a pas préparé sa succession, il risque de tout perdre. Il va donc s'enfoncer dans la violence", explique un ambassadeur africain en poste à Kinshasa.

La Constitution congolaise n'autorise que deux mandats successifs de 5 ans. Selon ce texte, Joseph Kabila ne peut donc se représenter pour un nouveau mandat lors du scrutin présidentiel prévu en novembre. Il devra donc céder son "trône" le 19 décembre prochain. Mais aujourd'hui, le bruit de la répression est bien plus audible que celui d'un scrutin en préparation. Du coup, la tension monte chque jour un peu plus et dans ce contexte, un vrai face-à-face se dégage entre le président Joseph Kabila et Moïse Katumbi, ce dernier n'est pourtant toujours pas officiellement candidat à la présidence. "Ce n'est qu'une question de temps", confie un journaliste congolais. "Tout e monde sait qu'il en sera. Seul Moïse Katumbi connaît la date de cette annonce. Mais les derniers événements de Lubumbashi pourraient le contraindre à partir plus tôt que prévu."

Tension maximale

C'est que depuis les dix jours, la tension a atteint son paroxysme à Lubumbashi, capitale du Haut Katanga. Plusieurs proches de Moïse Katumbi ont été arrêtés (la plupart ont depuis été libérés) sous des prétextes douteux. Dimanche dernier, alors que Moïse Katumbi et le G7 (plateforme de 7 partis politiques qui ont quitté la majorité en septembre dernier) devaient tenir un meeting politique dans le quartier populaire de la Kenya (Lubumbashi), les policiers ont tenté coûte que coûte d'empêcher la tenue de ce rendez-vous, notamment en bloquant les routes qui mènent à ce quartier. Un procédé qui a poussé Moïse Katumbi à faire la route à pied vers le lieu de ralliement. Une marche forcée qui a connu un gigantesque succès populaire, contraignant la police à tirer des gaz lacrymogène et à utiliser des balles en caoutchouc ("même de vraies balles", selon un observateur présent sur place).