Kinshasa sous pression des Nations unies pour éviter un nouveau bain de sang

La pression internationale sur la République démocratique du Congo (RDC) est montée d’un cran pour éviter un nouveau bain de sang après la répression meurtrière des manifestations organisées contre le président Joseph Kabila, le 19 septembre.

Vendredi 30 septembre, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (ONU) a placé le pays sous surveillance. Réagissant aux violences commises ces dernières semaines, notamment l’usage disproportionné de la force contre les manifestants qui exigent le départ du président Kabila au terme de son second mandat, le 19 décembre, le Conseil exprime « de profondes inquiétudes ».

Il pointe également « les restrictions croissantes aux libertés fondamentales », notamment les détentions arbitraires, les menaces contre la société civile, les journalistes, les membres de partis politiques, et les entraves aux libertés d’expression et de manifestation.

« Une centaine de personnes tuées »

La Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) a qualifié la décision du Conseil d’« acte politique fort (…) indispensable pour répondre à la crise des droits humains qui secoue la RDC (…) alors que tous les signaux sont au rouge et que les violences ne cessent de se multiplier ».

La veille, la haute commissaire adjointe aux droits de l’homme de l’ONU, Kate Gilmore, avait déjà jugé qu’une « enquête indépendante, transparente et crédible [était] nécessaire pour traduire en justice les auteurs et les instigateurs des violences ».

Les 19 et 20 septembre, plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans Kinshasa au cours d’affrontements en marge d’une manifestation organisée par l’opposition à trois mois de la fin du mandat du président Joseph Kabila pour lui signifier son « préavis » et exiger son départ. Ce dernier ne montre aucun signe de vouloir quitter le pouvoir mi-décembre alors que, selon la Constitution, il n’est pas en droit de se représenter pour un troisième mandat.

Le bilan définitif de ces violences reste à établir. Selon la police, trente-deux personnes sont mortes. D’après Kate Gilmore, quarante-neuf civils et quatre policiers ont été tués, 127 autres personnes blessées « semble-t-il par la garde républicaine, l’armée et la police ».

Le décompte que la FIDH est en train d’établir évoque « une centaine de personnes tuées », explique Paul Nsapu, membre du bureau Afrique de l’association et président de l’ONG congolaise la Ligue des électeurs.