Les accusations d'une juge dans l'affaire Katumbi: "machination" pour les autorités

Les autorités judiciaires et sécuritaires de la République démocratique du Congo (RDC) ont qualifié de "machination" les accusations de pressions formulées la veille par la présidente du tribunal de paix ayant condamné en juin l'opposant Moïse Katumbi Chapwe à trois ans de prison. 

Le premier président de la Cour d'appel de Lubumbashi (sud-est de la RDC), Paulin Ilunga, a affirmé jeudi "douter" de l'authenticité de la lettre de la juge Chantale Ramazani Wazuri, qui a dénoncé dans une lettre des pressions exercées sur elle par des autorités congolaises en vue d'écarter cet opposant de la présidentielle censée avoir lieu à la fin de l'année.

"Le tribunal de grande instance de Lubumbashi n'a enregistré aucune correspondance venant de Mme Ramazani Wazuri et adressée à la hiérarchie", a affirmé M. Ilunga à la radio onusienne Okapi.

"Il y a une lettre qui lui est attribuée. Moi, je ne sais pas en attester l'authenticité. On nous a dit que nous avons reçu une copie de cette lettre. Mais, que ce soit du président du tribunal de grande instance ou à mon niveau, nous n'avons reçu aucune correspondance. Tout ce que vous entendez là sont des racontars", a ajouté le magistrat.

Dans cette lettre adressée au ministre de la Justice, Mme Ramazani a accusé le chef de l'Agence nationale de renseignements (ANC) congolaise, Kalev Mutond, la présidence de la République et les autorités judiciaires de Lubumbashi, d'être les auteurs des pressions qui l'ont obligée à "passer outre" la loi et les procédures ayant abouti à la condamnation de M. Katumbi.

Ex-allié de poids devenu opposant du président Joseph Kabila et candidat à la présidentielle, M. Katumbi avait été condamné en juin à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière, une condamnation qui le rend inéligible aux élections selon le gouvernement.

La lettre de Mme Ramazani "ne s'explique pas, plus d'un mois après le prononcé du jugement" et "s'apparente à une manipulation qui vise à discréditer la justice congolaise", précise dans un communiqué la Cour d'appel de Lubumbashi, deuxième ville de RDC, où le jugement avait été rendu.