RD Congo - Mukwege : un docteur au cœur de la présidentielle

À son corps défendant, nommé « ambassadeur des citoyens », le célèbre gynécologue est devenu un acteur politique de tout premier plan.

Ce samedi 23 juillet, le Dr Mukwege manifestait aux côtés d'activistes pour la tenue d'élections dans le respect des délais prévus par la Constitution en République démocratique du Congo (RDC). Le gynécologue, célèbre pour rendre leur dignité aux femmes victimes du viol comme arme de guerre à l'est du pays, s'est prononcé pour l'alternance démocratique. D'après la Constitution, le président Joseph Kabila doit normalement laisser la place à son successeur avant la fin de l'année 2016. Mais au vu de l'organisation du scrutin, il y a fort à parier que les élections seront repoussées. Pour l'instant, ni les listes électorales ni les cartes d'électeurs ne sont prêtes. La Cour constitutionnelle a d'ailleurs fait savoir le 11 mai dernier que le président Kabila pourrait se maintenir au pouvoir jusqu'à l'élection de son successeur.

Mukwege pour assurer une transition ?

L'opposition et les organisations internationales s'inquiètent de voir se réaliser un scénario du « glissement », à savoir une phase transitoire qui s'étendrait sur plusieurs années. Certains souhaiteraient voir Denis Mukwege assurer la transition entre la fin de mandat de Joseph Kabila et l'entrée en fonction de son successeur, le temps de mettre en place des élections en bonne et due forme. Mais le principal intéressé s'oppose à cette idée : « Commencer à ouvrir les brèches de la transition, c'est en fait favoriser tout simplement le désordre. Aujourd'hui, il y a lieu de prévenir ce désordre simplement en organisant les élections », a-t-il déclaré au journal Le Monde. Alors qu'il s'évertue à répéter qu'il n'a pas l'intention de faire de la politique, il s'est vu nommé « ambassadeur des citoyens » par le groupe de jeunes activistes Filimbi. Le chirurgien affirme être honoré d'avoir été désigné comme porte-voix mais assure que « c'est une responsabilité lourde qui ne peut pas être portée par une seule personne […]. « Nous portons tous cette responsabilité, il faut absolument que ces jeunes se sentent soutenus », a-t-il poursuivi.