RDC : affrontements meurtriers lors d’une manifestation de l’opposition

Quatorze civils et trois policiers ont été tués, lundi 19 septembre, dans des violences qui opposent des manifestants à des policiers anti-émeutes à Kinshasa, a affirmé le ministre de l’intérieur congolais, Evariste Boshab. Les autorités faisaient état au début de l’après-midi de deux policiers tués dans l’attaque d’une permanence du parti présidentiel à Limete, quelques heures avant le départ prévu d’une manifestation hostile au président congolais, Joseph Kabila. A la suite de ces violences, les autorités ont annulé la manifestation.

« Nous enregistrons plusieurs morts », a déclaré à l’AFP Bruno Tshibala, porte-parole de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), affirmant avoir vu quatre cadavres « amenés au siège » d’une formation alliée. Les journalistes de l’AFP déployés dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC) ont constaté, pour leur part, la présence de plusieurs centaines de manifestants, essentiellement des jeunes hommes, dans le quartier Limete, où se trouve le siège de l’UDPS, parti de l’opposant historique Etienne Tshisekedi.

Faisant état de plusieurs pillages ou incendies criminels visant des cibles politiques, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a accusé l’UDPS, principal parti de l’opposition, d’être à l’origine de ces violences. « Il y a eu des pillages ciblés, a déclaré M. Mende, il y a des gens qui se sont préparés pour faire tout ce désordre. » « Ils ont trompé le gouverneur » de Kinshasa sur le caractère pacifique de leur manifestation, a-t-il aussi ajouté pour justifier l’annulation de l’autorisation de manifester accordée par les autorités locales.

Le « préavis » de Kabila

L’opposition avait appelé à manifester dans tout le pays pour signifier à M. Kabila son « préavis », trois mois avant l’expiration de son mandat, le 20 décembre. La Constitution lui interdit de se représenter, mais il ne montre aucun signe laissant penser qu’il souhaite abandonner ses fonctions et la présidentielle – censée se tenir avant la fin de 2016 – apparaît comme impossible à organiser dans les temps. De plus, samedi, la commission chargée d’organiser les élections a déposé une requête auprès de la Cour constitutionnelle sollicitant un report de la convocation de ce scrutin. Par ailleurs, en mai, le président congolais avait obtenu de la Cour constitutionnelle l’autorisation de se maintenir en poste tant qu’un nouveau président n’est pas élu.

Lundi, le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a jugé la situation dans le pays « extrêmement dangereuse », appelant à « respecter l’ordre constitutionnel ». « Ce qui compte c’est la date des élections, a expliqué le ministre des affaires étrangères lors d’une conférence de presse à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU. Si elles sont reportées sans cesse, cela veut dire que Kabila a l’intention de rester au pouvoir. »