RDC: au lendemain du massacre de civils, division et colère dans la société congolaise

Le massacre de plusieurs dizaines de civils dans la nuit de samedi à dimanche à Beni, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), attisait lundi la contestation contre le président Joseph Kabila, alimentant un climat politique déjà tendu à quelques mois de la fin de son mandat officiel.

51 civils tués à la machette

Dimanche, un porte-parole de l'armée a imputé cette tuerie aux rebelles ougandais musulmans des Forces démocratiques alliées (ADF), accusés d'être les principaux responsables d'une série de massacres qui ont fait plus de 650 morts dans la région de Beni depuis octobre 2014.

M. Kabila était lundi à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, où se tenait une réunion consacrée à la sécurité. Il devait se rendre à Beni ensuite. Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon, devait faire de même, accompagné d'une délégation d'officiers militaires, sous l'égide du chef d'état-major des Forces armées de la RDC, le général Didier Etumba.

Selon un nouveau bilan donné lundi par la société civile de Beni, ville de la province du Nord-Kivu, ce sont 51 civils qui ont été "tués à la machette".

Un bilan contesté par les autorités

Un bilan contesté par les autorités. Dimanche, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, avait annoncé un bilan officiel de 36 morts. Quelques heures plus tard, le maire de Beni évoquait 42 victimes. Interrogé lundi par l'AFP, M. Mende estimait que la société civile avançait un bilan qui "n'est pas objectivement vérifiable".

Lundi, au premier des trois jours de deuil national décrété par le gouvernement, alors que les drapeaux étaient mis en berne, les Congolais se montraient amers.

Dès dimanche, une centaine d'habitants de Beni avaient exprimé leur colère en scandant des slogans hostiles au gouvernement et au président Kabila qui avait promis, 72 heures plus tôt, de tout mettre en oeuvre pour "imposer" la paix et la sécurité à Beni.

Signe de défiance ultime, certaines familles ont même refusé de placer leurs défunts à la morgue, préférant "organiser leur deuil en privé et refus(ant) que le gouvernement les enterre alors qu'il ne les avaient pas sécurisés de leur vivant", expliquait lundi un membre de la coordination de la société civile de Beni, Teddy Kataliko, à l'AFP.