RDC: en Ituri, fortes attentes autour du procès de Bosco Ntaganda

Le procès de Bosco Ntaganda s’ouvre ce mercredi à La Haye devant la Cour pénale internationale. Cet ancien chef rebelle est accusé de 18 chefs de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui auraient été commis en 2002 et 2003 au cours d’une guerre interethnique dans la région de l’Ituri. Une région où, précisément, les attentes sont fortes autour de ce procès.

Il aura fallu attendre huit ans après le premier mandat d’arrêt de la CPI émis en 2006. Huit ans avant que Bosco Ntaganda choisisse finalement de se rendre à la justice internationale. Sans jamais avoir été inquiété pendant près de 15 ans à la tête de différents groupes rebelles mais aussi lorsqu’il était dans l’armée congolaise, de 2009 à 2012.

Pour Bienvenu Ukej, directeur de l’association Justice Plus à Bunia l’ouverture de ce procès est donc un signal fort. « On le croyait intouchable, il se comportait en petit dieu parce qu’il était protégé par plusieurs instances. Le voir comme ça devant le juge, pour les victimes d’abord, c’est un pas de plus contre l’impunité. Voilà quelqu'un qu'on croyait intouchable qui a été déféré devant le juge. C'est déjà une dissuasion envers de potentiels criminels. »

Un signal et l’espoir aussi que ce 4e procès à La Haye qui vise un chef rebelle de l’Ituri donne l’exemple et montre que personne n’est à l’abri de poursuites. Car l’impunité c’est le principal problème d’une région toujours déchirée par les conflits et la présence de groupes armés et où la justice n’arrive pas à suivre comme l’explique l’avocat Roger Logo, coordonnateur du réseau des ONG des droits de l’homme de l’Ituri.

« Les juridictions n’ont pas la main mise sur les gens qui commettent des crimes à ce niveau. Il y a eu beaucoup de cas de viols en masse par exemple, beaucoup de cas d’incendies de maison, beaucoup de cas de meurtres. Jusque-là, on ne sait pas encore si les acteurs des FRPI sont inquiétés pour ce genre de faits. »

Le FRPI, Maî Maï Simba, les groupes armés qui commettent des violations graves sont encore trop nombreux en RDC. Reste qu’avec 2149 victimes autorisées à participer à ce procès et la reconnaissance pour la première fois par la justice internationale du chef d’inculpation de viol et d’esclavage sexuel, des milliers de personnes en Ituri espèrent obtenir justice et réparations.