RDC : les Etats-Unis espèrent que M. Kabila sera à la hauteur et se retirera avant la fin de l’année

Le Trésor américain a imposé jeudi soir 23 juin des sanctions contre le chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama, pour sa responsabilité dans des violences et des disparitions « ciblant des civils, des femmes et des enfants ». Ses avoirs aux Etats-Unis ont été gelés. Thomas Perriello est depuis juillet 2015 l’émissaire spécial du gouvernement américain pour l’Afrique des Grands Lacs. Spécialiste de politique étrangère, il enseigne la justice transitionnelle à la faculté de droit de l’université de Virginie, à Charlottesville, ainsi qu’à l’université de Sierra Leone, à Freetown.

Pourquoi, avec ces sanctions, viser un homme et non le système en place, qui à l’origine de la répression que vous dénoncez ?

Les sanctions sont basées sur les ressources et les responsabilités de certains individus. Elles sont conçues pour viser en priorité les responsables de certains abus. Le chef de police Kanyama a ordonné et supervisé pendant longtemps des opérations qui ont entraîné de très graves violations des droits humains. Cela inclut, pour ce qui est de la période récente, la fermeture de l’espace politique, des exécutions extrajudiciaires, l’intimidation des manifestants pacifiques. Nous espérons, bien sûr, que la République démocratique du Congo (RDC) connaîtra la première transition pacifique et démocratique de son histoire. C’est ce que veulent les Congolais.

Cela ressemble pourtant à un avertissement envoyé au président Joseph Kabila.

Les Etats-Unis ont une position claire, exprimée depuis longtemps : nous appuyons et défendons la Constitution, qui dit clairement que des élections doivent se tenir avant la fin de l’année. La RDC avait, jusqu’à récemment, une société civile foisonnante, une opposition et des médias indépendants. C’était une grande force. Nous sommes très inquiets des conséquences de la fermeture du champ politique. Nous l’avons dit, en public et en privé.

Les Etats-Unis défendent une ligne ferme face au pouvoir de Kinshasa alors que les Européens peinent à s’accorder sur d’éventuelles sanctions. Les Occidentaux parviendront-ils à agir de concert ?

Nous travaillons ensemble. Nous partageons un objectif commun très clair avec nos homologues européens et africains : soutenir les Congolais pour que se tienne cette élection historique. Chacun a son approche, je laisse les Européens parler pour eux-mêmes. Les Etats-Unis ont dit il y a longtemps qu’ils envisageaient des sanctions financières contre certains individus responsables de violations des droits humains et faisant obstacle au processus politique. Un premier pas a été franchi cette semaine.

Nous espérions que ce ne serait pas nécessaire. Mais malheureusement, ces derniers mois, nous avons observé une hausse des actes de répression et des restrictions aux libertés d’expression et de rassemblement pourtant gravées dans la Constitution congolaise et dans la Charte de l’Union africaine. La violence de responsables policiers comme Célestin Kanyama a des conséquences immédiates, et crée aussi une réaction en chaîne.