RDC – Rwanda : Bosco Ntaganda face à la CPI, « un procès unique »

Alors que le procès très attendu du chef de guerre Bosco Ntaganda vient de débuter à la Cour pénale internationale de La Haye, le Congolais Paul Nsapu Mukulu, secrétaire général de la FIDH pour l'Afrique subsaharienne, revient sur les attentes des victimes en RDC. Interview.

Près de dix ans après les faits incriminés, le procès du chef de guerre Bosco Ntaganda s’est ouvert le 2 septembre à la Cour pénale internationale de la Haye. Accusé d’avoir commandité et pris part aux atrocités commises entre 2002 et 2003 en Ituri, dans le nord-est de la RDC, l’ancien chef des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC) est accusé de 18 chefs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Face à lui, plus de 2 150 personnes ont obtenu le statut de victimes et seront représentées à La Haye.

Des victimes qui placent beaucoup d’espoir dans ce procès, explique le Congolais Paul Nsapu Mukulu, secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) pour l’Afrique subsaharienne. Ce dernier a expliqué à Jeune Afrique ce qui rend la comparution de l’ancien chef de guerre si « unique ».

Jeune Afrique : Vous êtes en contact avec les victimes présumées de Bosco Ntaganda. Comment appréhendent-elles ce procès, près de dix ans après les faits ? 

Paul Nsapu Mukulu : Cela fait des années qu’elles attendent ce moment. La plupart d’entre elles ont poussé un « ouf » de soulagement. Mais elles restent également sur leur garde, car elles ne savent pas comment va évoluer le procès, comment leurs droits seront défendus ni ce qu’elles obtiendront. Les victimes attendent surtout d’être réhabilitées sur le plan moral, mais aussi financier.

S’exprimeront-elles lors du procès ? 

La CPI donne droit à leur participation. C’est une condition nécessaire pour que justice soit vraiment faite. Sans livrer trop se détails, je peux assurer que certaines vont directement témoigner. Mais certaines se protègent et ne veulent pas s’exposer. Car des haut-gradés sont cités dans cette affaire, et elles ne veulent pas être exposées à de possibles représailles. La plupart seront donc représentées.

Il faut savoir que dans ce procès, plus de 2 100 personnes ont été identifiées comme victimes, dont 300 anciens enfants-soldats et 1 850 victimes d’attaques présumées des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC). C’est compliqué d’emmener autant de personnes à La Haye.

Vous évoquez un procès « unique ». Quels en sont les enjeux principaux ? 

Il s’agit effectivement d’un procès unique. D’abord, parce que pour la première fois, les crimes sexuels et les viols commis contre des enfants-soldats sont retenus parmi les chefs d’accusation. Les sévices sexuels perpétrés dans l’est de la RDC sont enfin pris au sérieux !