Kinshasa : 60% de détenus irréguliers au CPRK

Prisonniers du CPRK

Prisonniers du CPRK

Le procureur général de la République a fait un constat amer lors d’une visite lundi au centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa (CPRK) : 60 % des cas de détention sont irréguliers. Selon Flory Numbi, cette situation est due à l’absence de coordination entre les CPRK et les cours et tribunaux, rapporte radiookapi.net

Le procureur général de la République, les procureurs généraux et les avocats généraux de la République ont visité lundi le centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa. L’objectif était de faire l’état des lieux de la prison. Cette visite a permis de faire ce constat : 60 % de cas de détention illégale au CPRK ou l’ ex prison centrale de Makala. Selon le directeur adjoint de cette prison, Pius Mambalunga, cette maison carcérale compte désormais 4000 prisonniers.
A l’issue de la visite, le procureur général de la République a annoncé l’instauration d’une mission d’inspection judiciaire mensuelle à la prison pour régulariser les dossiers des détenus : « Nous venons de constater qu’il y a des choses que nous allons mettre au point. Nous devons restaurer les choses qui ne se faisaient plus ici à Kinshasa, notamment l’inspection mensuelle des prisons et la coordination entre les offices (Ndlr : cours et tribunaux). Avec le manque de coordination, vous pouvez vite conclure qu’il y a des détentions irrégulières. », a déclaré le procureur général de la République.

Les témoignages

Les témoignages de détention illégale ne maquent pas. Le plus poignant est celui de ce mineur de 11 ans, Guelor Gédéon: « J’ai été arrêté à Goma et amené ici. Je ne sais pas ce que j’ai fait. J’ai déjà fait un mois en prison. On m’avait amené au centre AB de Kintambo. On ne m’a pas jugé. On ne m’a rien du tout signifié. Si l’on me libère, je préfère qu’on me retourne chez nous à Goma », a rapporté radiokapi.net.
En marge de cette visite, le directeur adjoint du CPRK a, pour sa part, annoncé que 74 détenus mineurs pour de petits faits en instance d’être libérés par ordonnance à main levée de la part du juge des enfants. Parmi ses mineurs, un enfant de 11 ans, déplacé de guerre accusé de tentative de meurtre. La libération de cet enfant doit intervenir mardi.
Il y a deux mois, un homme de 105 ans attendaient d’être jugé pour viol d’une mineure.
rnQuid des dossiers des détenus ?

La question des dossiers des détenus a été plusieurs fois dénoncée par les avocats et organisations de défense des droits de l’Homme opérant à Kinshasa. Et ceci, selon ces sources, justifie l’engorgement du CPRK et les conditions infrahumaines d’incarcération.
Maître Peter Ngoma a démandé en juillet dernier au ministre de la Justice de constituer une commission d’enquête afin de vérifier le dossier de chaque détenu parce que, selon lui, il y a des gens dans cette prison qui n’ont pas de dossier. «Il y a des gens qui ont passé 5 ans de prison pour rien. Il y a des gens qui n’ont jamais été condamnés, il y a beaucoup d’irrégularités comme ça.’, a-t-il ajouté à l’occasion de la visite de la prison centrale de Kinshasa.
En réponse à toutes ces préoccupations, le ministre de la Justice avait répondu que tous les magistrats seront notifiés sur la libération des personnes qui purgent une détention irrégulière.
Deux mois après ces déclarations du ministre de la justice, le nouveau procureur général de la République, les nouveaux procureurs généraux et avocats généraux sont à nouveau descendus sur terrain après avoir été plusieurs fois saisis par des plaintes sur des nombreux cas de détention illégale au CPRK. Tous, ils aboutissent au même constat de détention illégale et promettent de restaurer des pratiques oubliées pour remédier à cette situation.