RDC : Bruno Tshibala nommé Premier ministre

 

Le chef de l’Etat a nommé, vendredi 7 avril, Bruno Tshibala, au poste du Premier ministre. L'ordonnance le nommant a été lue sur la télévision publique (RTNC). Il remplace Samy Badibanga qui occupait ce poste depuis le 17 novembre 2016.

Dans son discours prononcé mercredi 5 avril devant les deux chambres réunies en congrès, Joseph Kabila a annoncé la nomination d’un Premier ministre dans 48 heures.

La nomination de Tshibala intervient après les consultations que le président de la République a eues avec la classe politique, après que la Conférence épiscopale nationale congolaise (CENCO) a mis fin à sa médiation.

De ses consultations, le chef de l'Etat dit avoir noté "une convergence des vues, notamment sur l’urgence qu’impose le règlement de deux points relatifs à la mise en œuvre de l’Accord, spécialement en ce qui concerne la question de la désignation d’un nouveau Premier Ministre".

Qui est Bruno Tshibala ?

Bruno Tshibala est né en 1955. Il est natif de Tshilenge et a commencé ses études de droit à l'Université Marien Ngouabi de Brazzaville. C’est à l’âge de 25 ans qu’il a entamé la carrière politique, alors qu’il était encore étudiant. C’était en avril 1980.

Plus tard il va voyager en Belgique pour terminer ses études. Il est l’un des pionniers de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Compagnon de lutte d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, il a été secrétaire général-adjoint de l’UDPS et porte-parole du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement.

Hostile au régime de feu président Mobutu, il a intégré un parti de la «défense des idées de gauche».

Sous l’encadrement de ses «aînés» et «compagnons marxistes», il a été l’une des personnes qui ont distribué des tracts contre le régime Mobutu, toujours en avril 1980. Parmi ses « aînés », il cite entre autres :

  • Etienne Tshisekedi
  • Joseph Ngalula
  • Kibasa Maliba
  • Anaclet Makanda
  • Isidore Kanona

Bruno Tshibala, était présent en décembre 1980 lors de la rédaction de la lettre des treize parlementaires pour demander au president Mobutu les réformes démocratiques alors que le pays vivait sous le régime de parti unique. A la condamnation de ces «13», ils seront tous relégués dans leurs villages

Trois mois plus tard, ils vont lancer l’idée de créer un deuxième parti pour instaurer le bipartisme et s’opposer au monopartisme de l’époque avec le Mouvement populaire pour la révolution (MPR). Une idée qui a été lancée le 26 mars 1981.

La réunion préliminaire de la création de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) s’est déroulée avec Etienne Tshisekedi, Joseph Ngalula, Anaclet Makanda, Isidore Kanona, Grégoire Dikonda et Kibasa Maliba, et Bruno Tshibala était là, avec « ses aînés ».

Mobutu va ensuite décider de libérer tous les 13 parlementaires en décembre 1981. Comme l’idée du parti était déjà lancée, seuls les élus vont signer les statuts du parti et la sortie officielle fut lancée le 15 février 1982.

Les non-parlementaires, dont Bruno Tshibala n’étaient pas obligés de signer les statuts du tout nouveau parti «par peur de la pendaison».

Bruno Tshibala est donc resté aux côtés d’Etienne Tshisekedi depuis la création de l’UDPS jusqu’à la mort de ce dernier début février 2017 à Bruxelles.

De l’arrestation aux côtés de Joseph Olenghankoy

En octobre 2016, Bruno Tshibala, alors secrétaire général-adjoint de l’UDPS est arrêté à l’aéroport de Kinshasa alors qu'il s'apprête à prendre son avion  pour une mission de son parti à Bruxelles.

Le procureur général de la République l'accuse d’avoir organisé des manifestations des 19 et 20 septembre à Kinshasa. Des événements qui avaient dégénéré en heurts sanglants entre militants anti-Kabila et les forces de l’ordre. Il obtiendra la libérté provisoire en novembre de la même année.

Outre ses fonctions au sein de l’UDPS, Bruno Tshibala est également porte-parole du Rassemblement de l’opposition, plate-forme constituée en juin 2016 autour d’Étienne Tshisekedi à l'occasion d'un conclave des principaux partis et regroupements de l'opposition tenu à Genval près de Bruxelles..

Après la mort d’Etienne Tshisekedi, le Rassemblement va se restructurer. Le poste du président est créé au sein de cette plateforme et confié Félix Tshisekedi, le fils du leader historique de l'opposition. Pierre Lumbi, ancien conseiller spécial du président Kabila reconverti en opposant depuis plus d'un an, prend le poste de président du conseil des sages du rassemblement. Bruno Tshibala va contester cette réorganisation.

Bruno Tshibala va alors se désolidariser du Rassemblement piloté par le tandem Tshisekedi-Lumbi, pour se rallier à Joseph Olenghankoyi. C'est au sein de ce dernier groupe que Joseph Kabila a choisi de le nommer comme Premier ministre.