RDC : la condamnation de Thomas Lubanga est une victoire, selon l’Unicef et la VSV

L’ex-chef milicien Thomas Lubanga reconnu coupable de crimes de guerre pour enrôlement des enfants dans sa milice. Ici, lors d’une audience à la Cour pénale internationale (Lundi 20 mars 2006).

Dans un communiqué parvenu vendredi 16 mars à radio Okapi, le directeur général de l’agence des Nations unies pour la protection de l’enfance (Unicef) a estimé que la condamnation de Thomas Lubanga pour crime de guerre à la Cour pénale internationale (CPI) est une « victoire déterminante pour la protection des enfants dans les conflits ». L’ONG congolaise la Voix des sans vois (VSV), qui est du même avis, appelle les autorités de la RDC à livrer aussi Bosco Ntaganda, également visé par un mandat d’arrêt de la CPI. Les autorités congolaises déclarent, elles, avoir « choisi d’abord la paix en lieu et place de la justice ».

« La condamnation de Thomas Lubanga par la Cour pénale internationale est un message clair pour tous les groupes armés qui asservissent et brutalisent les enfants : l’impunité ne sera pas tolérée », a déclaré dans son communiqué Anthony Lake, directeur général de l’Unicef.

Appuyant la prise de position de son numéro un, le bureau de l’Unicef en RDC affirme que les efforts visant la protection et la réinsertion des enfants vont se poursuivre.

Aliou Maiga, spécialiste en protection de l’enfance à l’Unicef/RDC, rappelle à tous les chefs militaires que « la place des enfants n’est pas dans les groupes armés » et que « tout chef militaire qui recrutera des enfants sera poursuivi ».

Il affirme par ailleurs que l’Unicef continuera de s’assurer que les enfants issus des groupes armés aient « des possibilités de réintégration réelle dans leurs communautés » et « qu’ils puissent jouir de leur enfance ».

« Une politique de deux poids deux mesures »

Tout en saluant la condamnation de Thomas Lubanga à la CPI, la Voix des sans voix pour les droits de l’homme (VSV) dénonce une « politique de deux poids deux mesures » pratiquée, selon elle, par les autorités congolaises dans leur collaboration avec la CPI.

Le général des FARDC, Bosco Ntaganda (Photo d’archives)

Pour cette ONG de défense des droits de l’Homme, le général Bosco Ntaganda doit aussi être remis à la justice internationale.

« Nous demandons aux autorités congolaises, toutes affaires cessantes, de procéder à son arrestation et à son transfèrement à la CPI pour plus d’équité », a déclaré Rostin Manketa, directeur exécutif adjoint de la VSV.

Une demande qui va dans le même sens que celle du procureur de la CPI Luis Moreno jeudi dernier. Il soupçonne Bosco Ntaganda de complicité dans les crimes commis par Thomas Lubanga en 2002 dans le district de l’Ituri en Province Orientale.

La VSV demande en outre à la CPI de « diligenter des enquêtes aux fins de poursuite contre toute les personnes impliquées et ayant financés, soutenus ou fournis des armes à M. Thomas Lubanga pour commettre ces crimes de guerre ».

« La paix en lieu et place de la justice »

Réagissant vendredi 16 mars à Beni, dans le Nord-Kivu, à la demande du procureur de la CPI, le gouverneur du Nord-Kivu Julien Paluku a affirmé que les autorités de la RDC préfèrent privilégier la paix à la justice.

« Nous avions pris, à travers l’autorité centrale, l’option de la paix qui a primé sur la justice. C’est la raison pour laquelle le gouvernement congolais a tu toutes les poursuites à destination des personnes qui étaient recherchées par la Cour pénale internationale », a-t-il affirmé.

Il a également indiqué que l’insécurité qui secoue sa province n’est pas seulement l’œuvre de groupes armés étrangers mais aussi de certains « enfants du Nord-Kivu ».

« A Rutshuru, j’ai reçu toutes les couches de la population, elles m’ont dit ceci : « qu’on ne vous trompe pas, nous avons des FDLR rwandais et des FDLR congolais, et les tueries qu’on observe à Rutshuru sont des règlements de compte » », a affirmé Julien Paluku.

« Qui ne sait pas que dans les ADF/Nalu, il y a aussi nos enfants », a-t-il déclaré.

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