Kinshasa: les activités socioéconomiques paralysées par la grève des transporteurs privés

Des kinois attendant le transport en commun le 21/05/2012 au rond point victoire à Kinshasa, lors d’une grève des transporteurs privés de la capitale. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Les principales avenues de la capitale ont été inondées de piétons, lundi 21 mai dans la matinée, à la suite du mouvement de grève des chauffeurs des taxis et taxis-bus. Le manque de transport en commun a perturbé le fonctionnement des écoles et les activités économiques dans la capitale.

Selon un pompiste d’une station service située sur l’avenue Kabinda dans la commune de Lingwala, les véhicules arrivaient à compte goutte. «La vente est largement en baisse. Il n’y a pas assez de clients aujourd’hui(…) Il faut que le Gouvernement mette en circulation ses propres véhicules de transport en commun pour qu’il soit en mesure de faire respecter ses lois », a-t-il témoigné.

La plupart de supermarchés situés à Kintambo Magasin ont enregistré également une baisse dans leurs recettes journalières. Un gérant a expliqué:

«Généralement, le lundi matin, il y a un engouement dans nos supermarchés. Mais, aujourd’hui, nous avons constaté que les clients arrivaient à compte goutte. Donc, ce problème de transport a eu une incidence sur nos ventes. Nous avons d’autres fournisseurs qui utilisent le transport en commun et qui n’ont pas pu nous rejoindre

Le secteur informel était également touché par cette grève. La plupart des vendeurs de boissons sucrées et de pains n’ont pas pu atteindre leurs lieux de transaction, en cette journée pluvieuse. Quelques rares petites commerçants ont gagné le centre ville à pied. L’ambiance morose a prévalu aussi dans les différents marchés de la capitale.

Ecoles désertes

La plupart des écoles de la ville de Kinshasa ont connu des difficultés pour fonctionner normalement, à cause de la grève des automobilistes mais aussi de la pluie qui s’est abattue sur l’ensemble de la ville ce lundi matin.

Au collège Saint Joseph de la Gombe, quelques élèves étaient dans les salles de classes sans professeurs. Au collège Boboto, les trois quarts des élèves étaient présents.  La plupart d’entre eux ont été emmenés par les véhicules de leurs parents, a expliqué le directeur du collège. Mais certains enseignants ne sont pas arrivés, faute de transport. Au collège Saint Georges  de Kintambo, par exemple, le préfet lui-même est arrivé à pied à l’école. Il n’y avait presque pas d’élèves.

Le préfet du complexe scolaire les Bambins de Bandalungwa a affirmé également avoir fait le pied pour joindre son lieu de travail. Seuls les élèves qui habitent la commune du même nom étaient présents.

Au complexe scolaire Mgr Moke dans la commune de Kalamu, l’abbé directeur a déploré l’absence des certains enseignants qui habitent loin de Kalamu. Au lycée Kabambare dans la commune de Kinshasa, les cours se sont donnés presque normalement, beaucoup d’élèves étant internés.

La police dément

Le président provincial de l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO), Nzuzi Sona,  a affirmé que la présence des éléments de la police anti-émeute pour faire la contrôle des véhicules sur les artères de Kinshasa est la cause principale de la grève des transporteurs en commun. Pour lui, les tracasseries policières empêchent les conducteurs de travailler dans la quiétude.

«Etant donné que la Gouvernement a promis de retirer ces policiers-là et de suspendre le contrôle des assurances, je pense que les chauffeurs n’ont plus rien à se plaindre. Qu’ils vaquent maintenant à leurs occupations», a-t-il déclaré.

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Le général Jean de Dieu Oleko, commissaire provincial de la police ville de Kinshasa a rejeté toutes les accusations des grévistes.

«Doit-on continuer laisser circuler les véhicules hors normes et avoir des conducteurs qui ne seraient pas en ordre ?», s’est interrogé Jean de Dieu Oleko au cours de l’émission Parole aux Auditeurs de Radio Okapi. Pour lui, il s’agit pas de tracasserie. «Quand on vous demande de mettre en ordre (…), ça devient une tracasserie ?», a-t-il poursuivi.

D’après le général Oleko, les transporteurs qui sont en ordre avec la réglementation en vigueur en RDC roulent normalement. Ceux qui ont été arrêtés par la police et qui se sont conformés à la loi, a-t-il soutenu, ont été également autorisés de circuler de nouveau.

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