Kinshasa: la police détruit les marchandises des commerçants opérant sur les grandes artères

Défilé de la police à Kisangani, décembre 2010.Défilé de la police à Kisangani, décembre 2010.

Défilé de la police à Kisangani, décembre 2010.

Colère, amertume, désolation, des larmes aux yeux. Tout cela se lisait sur les visages des passants et vendeurs, qui assistaient impuissants à la saisie et à l’incinération, mercredi 23 mai, des marchandises de petits commerçants opérant le long de grandes artères de Kinshasa.

La Police nationale congolaise (PNC) n’a épargné aucun marchand installé sur les grandes artères. Vendeurs de pain, mamans Malewa [tenancières des restaurants de fortune], vendeurs des cartes prépayées, changeurs de monnaie… Tous sont tombés dans les filets de la police.

Derrière la grande poste au centre ville, un vendeur de fournitures scolaires a affirmé avoir perdu toute sa marchandise:

«Ils ont brûlé des cahiers, des lires, bref des fournitures scolaires. En une journée, j’ai perdu des articles s’une valeur de plus de 400 dollars américains. On se demande si l’Etat congolais n’a pas une dent contre les Kinois. Vous ne nous donnez pas de travail, nous nous débrouillons et vous brûlez sans pitié des articles soit disant pour mettre de l’ordre. C’est du désordre !» 

La même scène a été observée à Kintambo Magasin ainsi qu’au quartier UPN. Les victimes pensent que l’Etat congolais devrait encadrer et orienter le secteur informel qui, d’après elles, contribuent à l’économie du pays.

«Parmi ces vendeurs, il y a des intellectuels qui n’ont pas de boulot. Au lieu de rester à la maison et croiser les bras, ils viennent vendre quelques articles. Permettez au moins aux gens de se prendre en charge par ces petits bulots », poursuit un autre commerçant.

Le président du syndicat national de vendeurs, Guylain Ekofo, rappelle qu’il y a un cadre de concertation entre les vendeurs et les autorités urbaines. Il estime que les autorités devraient d’abord informer ce cadre avant cette opération de traque:

« L’autorité urbaine reconnait la présence de ces vendeurs sur les grandes artères. Il y a même un montant fixé pour obtenir la patente. Je pense qu’on devrait se rencontrer avec le gouvernement pour voir quelles artères qu’on devait évacuer et quelles sont les méthodes qu’on devait utiliser. Nous sommes très mécontents de la façon dont les éléments de la police traitent les vendeurs! »

Quelques passants rencontrés sur le lieu ne partagent pas cet avis. C’est le cas de François, qui approuve la saisie et l’incinération de ces marchandises. « C’est de cette façon que l’ordre sera rétabli à Kinshasa », estime-t-il.

La traque de ces marchands a commencé depuis près des deux semaines dans la ville de Kinshasa. Le commandant de Kinshasa-ouest, le colonel Kanyama, a déclaré, samedi19 mai à Radio Okapi que cette opération vise à rendre la ville propre et rendre la circulation fluide sur les grandes artères afin d’épargner la population de multiples accidents.

Les policiers ont plusieurs fois chassé les vendeurs sur les grandes artères de la ville, rappelle un automobiliste. Mais l’opération a souvent échoué, parce que les commerçants reviennent toujours sur les lieux et récupèrent leurs marchandises après avoir soudoyés les policiers.

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