L’Union européenne (UE) invite la ministre de la Justice de la RDC à s’assurer que les conditions d’un procès indépendant et inquisitoire sont respectées dans le cadre de l’affaire Chebeya, l’activiste des droits de l’homme assassiné le 1er juin 2010 à Kinshasa. L’UE déplore la passivité du ministère public dans cette affaire, qui reprendra ce mardi 4 septembre à la Haute Cour militaire.
Intervenant sur Radio Okapi, lundi 3 septembre, le chargé d’affaires de l’Union européenne en RDC, Bruno Hanses, a déclaré:
«On observe aussi, à notre avis, une certaine passivité du ministère public, qui est censé prendre des mesures qui s’imposent lorsque de nouveaux éléments sont mis en avant. Ce devrait permettre peut-être d’ouvrir de nouvelles investigations pour compléter l’enquête qui a été menée avant le procès, en 2010.»
Bruno Hanses a indiqué que l’UE suivait de près le déroulement du procès Chebeya, depuis le début des audiences en appel le 19 juin et qu’il y avait des éléments qui soulèvent de préoccupations:
«La Haute Cour militaire ne s’est toujours pas prononcée, même sur la première requête déposée par les parties civiles à l’audience du 17 juillet. Donc, il y a une certaine lenteur.»
Lors de cette audience, la partie civile avait demandé la suite réservée à la plainte de la veuve de Chebeya. Celle-ci souhaitait voir le patron de la police congolaise suspendu, le général John Numbi, comparaitre comme prévenu.
La partie civile avait alors évoqué le dernier témoignage du major Paul Mwilambwe, ce policier condamné par contumace au premier degré. A partir d’un pays africain où il s’est réfugié, il avait fait des révélations au journaliste belgeThierry Michel, auteur d’un documentaire sur l’affaire Chebeya, mettant en cause personnellement le général Numbi dans l’assassinat de Floribert Chebeya et de son collègue Fidèle Bazana.
L’ancien directeur exécutif de la Voix des sans voix (VSV), Floribert Chebeya, a été assassiné et son corps retrouvé à Kinshasa, le 1er juin 2010 ; alors qu’il avait rendez-vous, la veille, avec le général John Numbi. Fidèle Bazana, qui l’accompagnait à ce rendez-vous, a été déclaré mort par un juge mais son corps n’a jamais été retrouvé.
Quatre officiers de la police ont été condamnés à mort à l’issue d’un procès de près de huit mois, le 23 juin 2011. Le procès s’est terminé sur un goût d’inachevé, selon les parties civiles. Il a repris en appel à la Haute Cour militaire, depuis le 19 juin dernier.
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