Général Bisengimana : « La police n’a pas été à la base d’une tentative de suicide »

Cérémonie d’échange des voeux entre le Commissaire Général de la Police Nationale Congolaise, le Général Charles BISENGIMANA et les policiers (Kinshasa/RDC), Radio Okapi/Ph. Aimé-NZINGA

Médard Tombo, le vendeur à la sauvette des jus qui a tenté de suicider jeudi dernier, poursuit ses soins médicaux à l’hôpital général de Kinshasa et se remet progressivement de ses blessures. Il a expliqué à RFI qu’il a posé ce geste désespéré parce que la police avait confisqué sa marchandise. Le chef de la police congolaise, le général Charles Bisengimana, estime que « la police n’a pas été à la base d’une tentative de suicide ». Il déclare en revanche que les officiers de police judiciaire accompagneront désormais les policiers commis à l’opération de salubrité de Kinshasa pour éviter des dérapages.

« La police n’a pas été à la base d’une tentative de suicide quelconque. La tentative de suicide a été l’œuvre de son auteur qui est Monsieur Médard âgé de plus ou moins 43 ans. Il est vendeur ambulant qui, au mépris des instructions des autorités politico administratives, étaient parmi d’autres qui vendaient sur la voie publique. Jeudi 13 septembre 2012, les éléments de la police du commissariat de la Gombe en exécution des mesures d’assainissement ont évacué les vendeurs dont Monsieur Médard qui par la suite a tenté de se suicider en s’ouvrant le ventre par une bouteille qu’il avait cassée », déclare le général Bisengimana.

Après que la police a confisqué sa marchandise, Médard Tombo raconte à RFI avoir résisté. Il dit avoir sauté du camion de police où il était embarqué avant qu’une bagarre ne puisse s’ensuivre avec deux agents. « Je ne sais pas comment, mais les policiers m’ont blessé au ventre », a relaté Médard Tombo à la même source avant de prendre la décision de « poursuivre leur œuvre ».

Le général Bisengimana ne confirme pas tous ces détails. Il affirme en revanche que la confiscation de marchandise des personnes qui vendent sur la voie publique fait partie des attributions que la loi reconnaît aux policiers commis à ces genres d’opération.

« La police de temps en temps est en droit de saisir. Ce qu’elle ne peut pas faire c’est de s’approprier les biens qu’elle saisit », explique-t-il.

L’ONG de défense des droits de l’homme La Voix de sans Voix a demandé, le week-end dernier,  aux responsables de la police de faire cesser les bavures et dérapages lors de ces opérations d’assainissement.

« Nous dénonçons l’acte qu’a voulu poser notre compatriote, parce que la vie est sacrée. On ne peut pas se donner la mort comme ça. Mais, à l’origine de cette situation il y a les tracasseries dont font l’objet la population et les vendeurs de la part des policiers. Nous demandons à la police de mettre fin aux tracasseries contre la population », lance Olivier Kungwa enquêteur à la VSV.

En réponse, le général Bisengimana annonce qu’en plus de leurs commandants, les agents de police affectés à l’opération d’assainissement de la ville de Kinshasa seront désormais accompagnés par les officiers de police judiciaire pour « constater les infractions éventuelles ».

« Cela nous laisse croire que s’il ya des dérapages, ils seront sanctionnés sévèrement par les commandants qui encadrent les hommes qui exécutent la mission. Il y aura moins de bévues. Je ne pense pas qu’il y aura complicité entre les policiers, leurs commandants et l’autorité politico administrative. Sinon, tous seront pris dans le sac et seront réprimés par la loi », conclut-il.

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