RDC : l’armée menace de lancer une offensive si le M23 ne se retire pas de Goma

Des soldats des Forces armées de la RDC revenant de leurs positions de Munigi (10 km de Goma) où ils affrontent le M23, dimanche 18 novembre 2012.

« Si les rebelles du M23 ne respectent pas le délai fixé par le sommet de Kampala pour leur retrait de Goma, nous allons faire notre travail et restaurer l’autorité de l’Etat », a déclaré, lundi 26 novembre à l’AFP, le nouveau chef des forces terrestres congolaises, le général François Olenga. L’ultimatum lancé par les chefs d’Etat des Grands lacs au M23 pour se retirer de la ville de Goma a expiré le lundi à minuit sans que le mouvement rebelle n’effectue le moindre retrait. Le général François Olenga a affirmé que les Congolais sont « fatigués des guerres d’agression ».

« Toute la population congolaise est contre l’agression. Cela nous suffit et nous donne le moral pour contre-attaquer », a-t-il ajouté.

Le nouveau chef des forces terrestres congolaises a passé deux jours à Minova, localité située à environ quarante kilomètres au sud-ouest de Goma où sont concentrées des militaires congolais délogés des localités occupées par le M23 depuis l’offensive du jeudi 15 novembre.

Dans une interview accordée au journal français Le Figaro, le coordonateur du M23, le pasteur Jean-Marie Runiga a déclaré que son mouvement ne quittera pas la ville de Goma avant le début des négociations avec le gouvernement congolais. « Nous sommes très satisfaits d’avoir commencé ce week-end à négocier avec le président [de la RDC]. Cependant, nous ne quitterons pas Goma », a-t-il dit.

Mais dans un autre entretien à Jeune Afrique, le chef militaire de ce mouvement, Sultani Makenga, a affirmé que ses troupes pourraient quitter la vile de Goma, indiquant qu’au départ, le M23 ne voulait pas prendre la ville.

« Nous sommes ici parce que le gouvernement nous a cherchés. Si quitter Goma peut amener la paix au Congo, le M23 pourrait accepter de quitter la ville », a-t-il expliqué.

Force neutre

Le commissaire à la Paix et la Sécurité Ramtane Lamamra de l’Union africaine a déclaré, lundi 26 novembre, au cours d’une session extraordinaire à Addis Abeba (Ethiopie) que son organisation est prête à envisager le déploiement d’une force internationale neutre dans l’Est de la RDC.

Cette décision a été prise quelques heures avant l’expiration du délai accordé aux rebelles du M23 pour se retirer jusqu’à 20 km de la ville de Goma.

Pour la constitution de cette force internationale neutre, le Tanzanie a proposé à l’UA de fournir huit cents soldats « aussitôt que la logistique le permettra et qu’il y aura un commandant ».

En juillet dernier, les chefs d’Etat des Grands lacs avaient décidé de déployer une force internationale neutre le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC pour lutter contre l’activisme des groupes armés dont les rebelles du M23 que Kinshasa accuse d’être soutenu par le Rwanda et l’Ouganda.

Cette force qui doit être constituée de quatre mille hommes peine à se matérialiser. Son financement, son mandat et sa constitution restent à définir.

Mardi 6 novembre, le ministre congolais des Affaires Etrangères, Raymond Tshibanda s’est dit convaincu de l’opérationnalisation de cette force internationale neutre tout en indiquant que la Conférence internationale de la région des Grands lacs (CIRGL) cherchait notamment à obtenir le mandat de l’Union africaine et des Nations unies.

Des pillages à Goma

Plusieurs cas de pillages et de vols sont enregistrés dans plusieurs quartiers de la ville Goma depuis son occupation par les rebelles du M23. Des témoins rapportent que ce serait surtout des maisons des personnalités qui ont fui la ville et des bureaux des institutions provinciales qui sont visés. Les mêmes sources attribuent ces actes à des hommes en armes habillés en tenue militaire.

Parmi les bureaux pillés, il y a notamment celui du bureau provincial de l’assemblée provinciale. Des habitations des ministres, des autorités militaires et même des particuliers ont également été pillés.

Au quartier Carmel, les habitants affirment qu’une école appartenant au colonel Bindu des FARDC et son domicile sont occupés par les rebelles.

A Katindo, Ndosho et Himbi, plusieurs cas de vols et de pillages ont également été enregistrés.

Des hommes armés ont vidé un dépôt de boissons appartenant à une dame à Himbi 2. Plus de cent cinquante caisses de bières auraient été emportées. La propriétaire indique cependant qu’elle a réussi à récupérer une quarantaine de caisses grâce à l’intervention de la police du M23.

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