Scission du M23: confusion au sein de la délégation rebelle aux pourparlers de Kampala

Le M23 se dirgeant ce dimanche 9 décembre vers la salle de conférence de Munyonyo à Kampala/ Photo Innocent Olenga-Radio Okapi.

La scission enregistrée à la tête  de la rébellion du M23 à Rutshuru (Nord-Nord) a créé une confusion au sein de sa délégation aux pourparlers avec le gouvernement congolais à Kampala.  Cette situation ne permet plus de poursuivre les discussions. Si la médiation reste jusque-là muette, les délégués de Kinshasa, quant à eux, s’impatientent.

La confusion règne désormais au sein de la délégation du M23 à Kampala, à la suite de la scission survenue à la tête de ce mouvement. Cette scission a été matérialisée par la décision prise, mercredi 27 février,  par le chef militaire de la rébellion, Sultani Makenga de destituer Jean-Marie Runiga de ses fonctions de coordonnateur politique de ce mouvement rebelle.

A Kampala, Bertrand Bisimwa, le porte-parole du mouvement, appartient désormais au camp Makenga, selon les informations recueillies sur place.

Par contre, Séraphin Mirindi a été élevé au même poste de porte-parole par le camp Runiga, qui rejette en bloc le communiqué de Makenga limogeant le coordonnateur politique du M23.

D’autres membres de la délégation de ce mouvement rebelle ne se seraient pas encore prononcés.

Parmi les douze délégués du mouvement rebelle, figure Roger Lumbala, qui se dit toujours «invité du M23 à Kampala». Le président du RCD/N a déclaré qu’il n’a pas encore pris une quelconque option face à la crise qui secoue le mouvement rebelle. Roger Lumbala a reconnu toutefois que le M23 traverse actuellement une crise de leadership, qui finira, selon lui, par se stabiliser.

D’autres sources crédibles dans la capitale ougandaise renseignent par ailleurs que Sultani Makenga, devenu le nouveau président du M23, tenterait de revoir la composition de la délégation du mouvement rebelle à Kampala. Objectif: poursuivre le dialogue avec la délégation gouvernementale.

Equation pour le facilitateur

Jusqu’ici, la facilitation ougandaise, qui a regagné Kampala après la signature de l’accord-cadre à Addis-Abeba, ne s’est pas encore prononcé officiellement sur ce qui se passe au sein du M23.

Pour la délégation gouvernementale, il n’est pas question de croiser les bras et d’attendre que le M23 termine ses querelles internes. Le député Christian Badibangi estime que la médiation devrait le plus tôt possible fixer les délégués gouvernementaux sur la délégation rebelle habilitée à poursuivre les travaux :

«La tête des terroristes à Bunagana (fief du M23) n’est pas connue. Il y a plusieurs têtes aujourd’hui (…) On ne sait pas avec qui nous devons négocier. Est-ce avec Makenga ? Est-ce avec Runiga ? »

Abbé Malu-Malu, le coordonnateur des experts aux pourparlers de Kampala et chef adjoint de la délégation de Kinshasa, a affirmé vouloir contacter rapidement le facilitateur pour connaitre la suite de l’agenda, eu égard à ce qui se passe du côté du M23.

Dans une décision publiée mercredi 27 février dans la soirée, Sultani Makenga a annoncé la destitution de Jean-Marie Runiga, lui reprochant son « incapacité à conduire la vision du mouvement du 23 mars et à mettre en œuvre son programme politique ».

Le chef militaire du M23 accuse notamment Jean-Marie Runiga de se rallier à Bosco Ntaganda qui, selon le même document, « influence négativement les décisions du M23, au plus haut niveau ». Jean-Marie Runiga est également accusé de “malversations financières, divisions, haine-ethnique, escroquerie et manque de professionnalisme et d’éthique politique”.

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