Les militaires congolais contrôlent, depuis le vendredi 1er mars dans la soirée, plusieurs localités du territoire de Rutshuru abandonnées par les rebelles du M23 qui les occupaient depuis plusieurs mois. Il s’agit de Kalengera, Rubare, Kako, Rutshuru-centre, Kiwanja et Nyongera. Depuis le départ du M23, il y a trois jours suite à des dissensions au sein du mouvement rebelle, ces localités ont été en proie à des attaques des milices locales. Pour le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, le déploiement des FARDC est motivé «par le souci de sécuriser les habitants de ces localités».
Des témoins à Kiwanja indiquent que les militaires congolais ont été accueillis par de nombreux habitants en liesse. Ces militaires qui sont du 805e régiment proviendraient notamment de Mabenga, leur dernière ligne de front.
À Rubare et Kalengera, des habitants témoignent de l’arrivée, ce samedi dans la matinée, d’autres militaires en provenance de Tongo.
Un officier des FARDC confie que ce déploiement va empêcher certains groupes armés d’occuper les localités abandonnées par le M23.
« Je confirme que les FARDC sont arrivées à Kiwanja, Rubare, Rutshuru-centre et Kalengera dans l’optique de sécuriser les populations. Ce qui serait grave, ce serait abandonné la population aux mains des miliciens Maï-Maï Nyatura et FDLR », a aussi expliqué le gouverneur Paluku.
Avant l’arrivée des militaires congolais, les Maï-Maï du groupe du colonel dissident Shetani et le Mouvement populaire d’auto-défense (MPA) s’étaient affrontés pour le contrôle de Kiwanja.
De leur côté, des rebelles rwandais des FDLR avaient occupé la cité de Rutshuru-centre, le 28 février, pendant quelques heures après le départ du M23.
Le M23 accuse les FARDC d’exactions
Dans un communiqué publié, vendredi 1er mars, le M23 indique s’être retiré de ces localités pour « éviter la confrontation des forces dans les grandes agglomérations et la mise en danger des vies humaines ».
Selon le mouvement rebelle, les localités de Mabenga, Kitagoma, Kiwanja, Rutshuru-centre et Rugari sont assiégées par une coalition composée de l’armée congolaise associée aux FDLR et aux miliciens Maï-Maï, qu’il accuse de commettre des exactions à l’encontre des populations civiles.
Réagissant à ce communiqué, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a indiqué que c’est à l’armée congolaise d’assurer la sécurité des populations civiles.
«Le M23 n’est pas chargé d’instaurer la sécurité dans quel qu’endroit que ce soit de la RDC. C’est un mouvement criminel mis sur le ban de la communauté internationale et nationale. Tout ce qu’on leur demande est de s’auto-dissoudre», a-t-il déclaré. Pour lui, «la Monusco ne peut, en aucune manière, convenir avec eux de faire déployer je ne sais quelle force ».
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