L’Onu lance un ultimatum à la RDC pour sanctionner des soldats accusés de viols à Minova

Des officiers des FARDC sillonnent la zone frontalière avec le Rwanda où des militaires congolais et rwandais se sont tirés dessus le 3 novembre 2012 (Photo Sylvain Liechti). © MONUSCO/Sylvain Liechti

Les Nations unies ont lancé, mercredi 27 mars, à la RDC un dernier ultimatum d’une semaine pour agir contre les soldats de deux bataillons des Forces armées de la RDC (FARDC) accusés d’avoir commis au moins 126 viols en novembre dernier à Minova alors qu’ils se repliaient face à l’avancée des rebelles du M23, ont indiqué des diplomates à l’AFP.

L’ultimatum a été posé par secrétaire général adjoint de l’Onu chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, lors d’une réunion à New York avec le ministre des Affaires étrangères de la RDC, Raymond Tshibanda.

« On sait maintenant qu’un total de 126 femmes ont été violées à l’Est de Goma au moment où des troupes avançaient dans tous les sens. Une grosse partie de ces viols ont été commis, semble-t-il, par des militaires congolais », avait déclaré Hervé Ladsous mardi 18 décembre au sortir d’une réunion de conseil de sécurité à New York.

L’ultimatum de l’Onu a été lancé alors que le Conseil de sécurité doit se réunir ce jeudi pour voter une résolution mettant en place une brigade d’intervention. Cette brigade, avec un mandat robuste, doit aider l’armée à combattre les groupes rebelles dans l’Est de la RDC.

“Le gouvernement congolais a été averti que les actions de l’armée ne sont pas acceptables et qu’il y aura de sérieuses conséquences”, a souligné un diplomate à l’AFP.

Les autorités congolaises avaient ouvert une enquête sur ces allégations aussitôt informées. Le porte-parole de l’Onu, Martin Nesirky avait prévenu que l’ONU “révisera le soutien fourni” aux unités auxquelles appartiennent les soldats coupables.

Ces exactions ont été commises entre le 20 et le 30 novembre à Minova, près de Goma. Le 20 novembre, la ville stratégique de Goma est tombée entre les mains des rebelles du M23. Ces derniers s’en sont retirés le 1er décembre sur demande des chefs d’Etats des Grands Lacs en échange des négociations directes avec le gouvernement congolais.

Les pourparlers entre le gouvernement et le M23 lancés à Kampala le 9 décembre se trouvent suspendus à l’heure actuelle. Le 24 février dernier, onze pays africains ont signé à Addis-Abeba, sous l’égide de l’Onu, un accord-cadre pour le rétablissement de la paix dans l’est de la RDC. Ces Etats se sont engagés à ne pas soutenir les groupes armés et les criminels qui déstabilisent la région. Des dissensions sont apparues au sein du M23 après la signature de cet accord-cadre.

La faction dirigée par Sultani Makenga a pris le dessus sur celle qui était sous l’influence de  Bosco Ntaganda, l’ancien chef de la rébellion du CNDP qui s’est finalement rendu à la Cour pénale internationale pour être jugé sur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qu’il aurait commis en Ituri en 2002et 2003.

Le M23 composé d’ex-rebelles du CNDP intégrés dans l’armée à la faveur d’un accord de paix signé avec le gouvernement en 2009 demande la pleine application de cet accord.

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