Concertations nationales : Jean-Claude Mvuemba s’oppose à un gouvernement d'union nationale

Jean Claude Mvuemba, Président National du MPCR et député national, le 17/02/2012. Radio Okapi/Ph. Aimé-NZINGA

Le président du Mouvement du peuple congolais pour la République (MPCR), Jean-Claude Mvuemba rejette toute idée de former un gouvernement d’union nationale à l’issue des concertations nationales. Il l’a déclaré au cours d’un point de presse qu’il a organisé dimanche 11 août à Kinshasa. Le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, a annoncé, samedi, la mise en place d’un nouveau gouvernement qui sera issu des ces assises. Des propos qui ont été mal accueillis dans les milieux politiques tant de la majorité que de l’opposition.

 « Il n’y aura pas un gouvernement d’union nationale issu des concertations », a affirmé le vice-président du groupe parlementaire UDPS et alliés, qui met en garde tous les opposants qui espèrent des postes ministériels après ce forum national convoqué en décembre 2012 par le président Joseph Kabila.

« Certains leaders de l’opposition commencent déjà à rêver des postes ministériels. Certaines personnes croient user de leur poste de Premier ministre jusqu’à leur mort. Nous ne sommes pas là pour nos intérêts personnels », a souligné l’opposant Jean-Claude Mvuemba.

Rejetant cette idée de la formation d’un gouvernement d’union nationale, il a affirmé que Léon Kengo wa Dondo n’est pas le porte-parole de l’opposition.

« Le bureau politique du MPCR rappelle que monsieur Léon Kengo wa Dondo , président du Sénat n’est pas le porte-parole de l’opposition. Le porte-parole de l’opposition doit être désigné par les députés et sénateurs de cette plate-forme réunis par les bureaux des deux chambres du parlement. Enfin, il n’y a qu’une seule autorité morale du peuple congolais : monsieur Etienne Tshisekedi. Tous les autres sont ceux qui veulent s’approprier de cette autorité », a ajouté Jean-Calude Mvuemba.

Préalables de l’opposition

Jean-Claude Mvuemba a par ailleurs invité le chef de l’Etat à concrétiser les préalables de l’opposition notamment la formation d’une commission préparatoire tripartite opposition-majorité présidentielle et société civile avant le début des concertations nationales.

« Le président Kabila doit abroger cette ordonnance en sortir une autre ordonnance en mettant en place les préalables de l’opposition », a indiqué Jean-Claude Mvuemba.

Au cours d’une rencontre avec l’opposition politique à Kinshasa «en tant que sage de l’opposition», Léon Kengo wa Dondo avait indiqué que le présidium de ce forum avait positivement rencontré toutes les conditions soulevées par cette plate-forme. Il a notamment évoqué la condition consistant à couler les résolutions qui en sortiront sous forme de programme d’action d’un nouveau gouvernement issu des concertations.

Du côté de l’UPDS, le député Serge Mayamba a indiqué que « l’opposition est en train de travailler pour réagir » au discours Léon Kengo wa Dongo [de samedi 10 août] et à celui du président de l’assemblée nationale, lui aussi membre du présidium nommé par l’ordonnance présidentielle du mois de juin dernier.

« L’opposition aujourd’hui doit se souvenir que c’est la même qui avait agrée la démarche initiée en son temps par le président de l’assemblée nationale qui avait reçu l’opposition, la majorité et la société civile. Aujourd’hui, il ne faut pas jeter des pierres sur les deux présidents des deux chambres de notre parlement lorsqu’ils font des communications, parce que c’est l’opposition qui avait agrée leurs démarches. Mais aujourd’hui la question la plus importante se trouve au niveau du fond », a précisé Serge Mayamba.

Consensus en amont

Avant la tenue des concertations nationales annoncées « dans les prochains jours » par le président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo, la société civile pense qu’un consensus devrait être trouvé en amont, afin d’inclure toutes les parties prenantes à ces assises. Réunis dimanche 11 août à Kinshasa à une séance de travail, les participants ont proposé que la commission paritaire comprenne 15 membres par composante.

« Comme on a dit que nous serons dans la commission préparatoire-paritaire, nous avons proposé que la majorité prenne 15 personnes, l’opposition 15 et la société civile 15 », a souhaité, pour sa part, le coordonateur de la nouvelle société civile, Jonas Tshombela.

La société civile compte déposer ses propositions et amendements au présidium lundi 12 août.

« S’agissant par exemple du comité de la commission préparatoire, nous avons vu que dans l’ordonnance [présidentielle] il y a cette possibilité d’intégrer le comité préparatoire. C’est un mécanisme qui pourra rendre opérationnel les concertations », a ajouté Jonas Tshombela.

Pour lui, ce mécanisme a l’avantage d’inclure toutes les parties prenantes, citant notamment les groupes armés, l’opposition politique parlementaire comme extraparlementaire, la majorité parlementaire comme extraparlementaire.

« Voilà en amont comment on peut déjà obtenir un consensus de telle manière qu’une fois nous sommes dans les concertations, il n’y aura pas de problèmes parce qu’il y aura un consensus dégagé », a estimé Jonas Tshombela.

Annoncées par le président Kabila en décembre 2012, les concertations nationales visent à « créer la cohésion nationale » face à la guerre dans le Nord-Kivu. En juin dernier, il a signé une ordonnance créant ces concertations dont la direction a été confiée aux présidents de deux chambres du parlement.

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