L’ultimatum des chefs d’Etat des Grands Lacs pour la reprise des pourparlers entre le gouvernement et le M23 a expiré ce lundi 9 septembre. Mais les discussions ne pourront reprendre que mardi. La délégation rebelle se trouve déjà dans la capitale ougandaise tandis que celle du gouvernement congolais est en route pour Kampala.
«Tous les membres de notre délégation sont ici, où une première phase de pourparlers, lancée en décembre, avait été suspendue en mai dernier sans réelle avancée», a affirmé à l’AFP le chef de la délégation du M23, René Abandi.
Les chefs d’Etat de la Conférence internationale sur les Grands lacs (CIRGL) ont exigé jeudi lors d’un sommet extraordinaire à Kampala que les discussions entre le gouvernement et le M23 soient “conclues dans les 14 jours”, après sa reprise.
Dimanche, le chef politique du M23, Bertrand Bisimwa, a affirmé que son mouvement était « prêt à désarmer» et à retourner à la vie civile mais il a posé deux conditions: la neutralisation des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et le retour des réfugiés congolais tutsis.
Du côté gouvernement, le coordonateur du mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, François Muamba Tshishimbi a indiqué le même jour que les délégués gouvernementaux se rendaient dans la capitale ougandaise pour clôturer les négociations depuis neuf mois.
«On [le M23] nous a dit au mois de décembre quand nous démarrions ces négociations que la raison principale de la guerre, c’était l’application de l’accord CNDP-Gouvernement [du 23 mars 2009]. On a vidé ça! Concrètement, en ce qui nous concerne, nous avons verrouillé la porte à toute possibilité d’attenter à notre constitution, à la balkanisation […] de la République démocratique du Congo [….] Pour nous, il faut conclure ; il n’y plus lieu de discuter d’autres choses, puisque depuis huit à neuf mois tout a été dit», a déclaré François Muamba.
Depuis mars dernier, deux textes de proposition d’accord sont sur la table du facilitateur. C’est la synthèse consensuelle attendue de ces textes qui doit faire objet d’un accord final à signer par les deux parties.
Sur terrain, l’armée congolaise (FARDC) épaulée par une nouvelle brigade d’intervention déployée de la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a mené avec succès une offensive contre les rebelles à la fin août. Les rebelles ont été repoussés à une trentaine de km de Goma. Après ce succès militaire, l’envoyée spéciale de Ban Ki-moon dans la région des Grands Lacs, Mary Robinson a demandé aux rebelles de désarmer et aux deux parties d’aller vers une solution politique du conflit.
Le M23 est formé d’anciens rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégrés au sein des FARDC après un accord, signé le 23 mars 2009. Ils se sont mutinés en avril 2012, estimant que Kinshasa n’avait pas respecté les termes dudit accord.
La population de Goma partagée
Si certains habitants de Goma estiment que rien de concret ne sortira de ces négociations, d’autres par contre pensent que le gouvernement devrait obtenir du M23 son autodissolution et sa disparition. Ils attendent également que la guerre prenne définitivement fin et que les coupables des crimes sérieux soient punis.
«Nous souhaitons que le dialogue de Kampala aboutisse à la fin de la guerre dans le Nord-Kivu et que les coupables des crimes de guerre et autres violations soient punis conformément à la loi congolaise et aux normes internationales », a confié un des habitants de Goma à Radio Okapi.
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