Les Ougandais envahissent progressivement Mahagi, selon les chefs locaux

Des soldats congolais au Nord-Kivu le long de la frontière avec le Rwanda. © MONUSCO/Sylvain Liechti

Les autorités coutumières locales et la société civile ont alerté Kinshasa sur le danger qui pèse sur le territoire frontalier de Mahagi (Province Orientale). En plusieurs endroits, ce territoire congolais est envahi progressivement par les Ougandais, notamment à Rodo et Djupu Chama, ont-elles affirmé samedi 14 septembre.

Le chef du groupement Palara, Ucoun Anyolito, a également accusé les Ougandais de construire progressivement au-delà des bornes héritées de la colonisation:

«Il y a des bornes qui existent depuis bien longtemps. Les premières bornes sont sur les monts Acu et Assina. Il y a encore un béton qui existe bel et bien jusqu’à présent. Les Ougandais disent que la grande partie vers le milieu fait partie de leur territoire. C’est faux et archifaux!»

Plus de trois cents militaires ougandais avaient assiégé la localité de Sisi Rodo dans le territoire de Mahagi pendant deux semaines en août dernier. Bien qu’elles se soient retirées, elles rôdent toujours aux alentours, selon de sources locales.

La tension est en effet montée depuis trois mois à la frontière entre la RDC et l’Ouganda à Mahagi. En juin dernier, les autorités congolaises avaient déplacé la barrière douanière congolaise d’Assina de 400 mètres, la rapprochant de la frontière.

Elles affirmaient vouloir ainsi lutter contre la fraude douanière. Accusant la RDC d’avoir violé la frontière, l’armée ougandaise avait déployé des militaires dans le secteur.

«L’invasion du territoire de Mahagi par les troupes ougandaises est une humiliation du peuple congolais!», a déclaré samedi 14 septembre l’évêque du diocèse catholique de Mahagi Nioka, Mgr Sosthène Ayikuli. Il a appelé le gouvernement congolais à prendre au sérieux cette affaire qu’il a qualifiée de «menace permanente» dans la partie septentrionale de la RDC.

L’invasion d’un État souverain par un autre en plein 21e siècle «est très grave [et] inacceptable », a affirmé Mgr Ayikuli:

«On est choqué en tout cas. C’est une incursion parce que [les militaires ougandais sont entrés] vraiment dans notre territoire. Nous nous demandons comment ceci peut être possible: un pays souverain qui voit ce genre des choses, c’est trop!»

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