Nord-Kivu : au moins 7 groupes armés toujours actifs à Rutshuru

Un milicien dans l’Est de la RDC.

Sept groupes armés locaux et étrangers continuent à semer la terreur à Rutshuru, territoire du Nord-Kivu qu’occupaient partiellement la rébellion du M23 jusqu’à sa récente débâcle face à l’armée congolaise. Ces miliciens sont essentiellement des combattants Maï-Maï et des rebelles rwandais des FDLR divisés en plusieurs groupuscules qui s’allient au gré de leurs intérêts. Ces milices sont souvent en connivence avec des groupes ethniques. Les populations des localités occupées par plaident pour un déploiement de l’armée dans ce secteur. Environ une quarantaine de groupes armés pullulent dans l’Est de la RDC.

Parmi les groupes armés actifs dans le Rutshuru, il y a quatre milices Maï-Maï, soit le Mouvement populaire d’autodéfense (MPA), les Nyatura, la Force de défense des intérêts du peuple Congolais (FDIPC) et les Shetani, et trois groupes de rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), les Soki, les Foca et les Rude.

Ces groupes sont actifs sur la route entre Kiwanja et Ishasha, au nord-est de Rutshuru Centre, dans le groupement de Binza, à plus de 70 Km au nord de Goma. Ils collaborent entre eux au gré des intérêts ou des ethnies locales auxquelles ils appartiennent ou dont ils sont proches.

La population accuse ces miliciens d’être les auteurs de plusieurs exactions. Ils gèrent une dizaine de barrières et imposent des taxes variant de 500 FC (0,5 USD) à 20 dollars américains aux voyageurs qui fréquentent cet axe.

Les miliciens font aussi payer des amendes aux agriculteurs qui désirent accéder à leurs champs ou récolter leurs produits et imposent des travaux forcés.

Les militaires et policiers déployés dans certains villages de ce territoire sont impuissants face à ces groupes armés.

Les conflits entre ces milices créent par ailleurs des divisions au sein des communautés locales, notamment les Hutu et les Nande, ethnies majoritaires dans la région.

Les habitants de Rutshuru appellent l’Etat à restaurer son autorité dans ce territoire notamment en démobilisant les Maï-Maï et en traquant les rebelles rwandais des FDLR.

Constellation de groupes armés

Une quarantaine de groupes armés sont actifs dans l’Est de la RDC, notamment en Province Orientale, au Katanga, dans les Nord et Sud Kivu et au Maniema.

Parmi eux, 5 groupes armés étrangers :

  • les rebelles rwandais des FDLR divisés en 4 factions : Rude, Soki, Foca et Mandevu, repartis au Nord et Sud-Kivu et au nord du Maniema ;
  • les rebelles ougandais de la LRA et des ADF Nalu, actifs en Province Orientale et au Nord-Kivu ;
  • les rebelles burundais FRF (ex-FNL) dans la région d’Uvira ;
  • les éleveurs étrangers Mbororo venus du Soudan.

Il faut ensuite compter une trentaine de groupes armés nationaux :

  • les Raïa Mutomboki présents à Walikale (Nord-Kivu), dans plusieurs territoires du Sud-Kivu, notamment Kalehe, Shabunda et Mwenga, ainsi que dans la province du Maniema ;
  • les Maï-Maï Kifuafua ;
  • les Maï-Maï Sheka ;
  • les Maï-Ma Nyatura ;
  • les Maï-Maï Shetani ;
  • les Maï-Maï de la Fontaine ;
  • les Maï-Maï de Hilaire Kombi ;
  • les Maï-Maï Vutura FODP ;
  • la Force de défense des intérêts du peuple Congolais (FDIPC);
  • les Nyatura FDDH, commandés par un certain colonel Kasongo Kalamo ;
  • le Forces de défense congolaise (FDC) ;
  • l’Alliance pour un Congo libre et souverain (ACPLS) de Janvier ;
  • l’Union des patriotes congolais pour la Paix (UPCP) ;
  • le Mouvement d’action pour le changement (MAC) ;
  • les Maï-Maï Kirikicho ;
  • les Maï-Maï Baleke Kashilogozi ;
  • les Maï-Maï Mulumba, au bord du lac Tanganyika ;
  • les Maï-Maï Simba ;
  • les Maï-Maï Aoci
  • les Maï-Maï Shabunda ;
  • les Mudundu 40 ;
  • les Maï-Maï Kapopo ;
  • les Maï-Maï Nakiriba ;
  • les Maï-Maï Mahoro ;
  • les Maï-Maï Shikito ;
  • les Maï-Maï Zabuloni ;
  • les Maï-Maï Bédé ;
  • le groupe des Patriotes résistants congolais (Pareco) ;
  • le groupe Tawimbi.

Ces derniers groupes armés sont essentiellement actifs dans le Nord-Kivu.

En Ituri, on retrouve parmi les groupes armés :

  • la Force de résistance patriotique de l’Ituri (FRPI) de Cobra Matata ;
  • les Maï-Maï Simba de Morgan.

Enfin, dans le Katanga, on peut notamment compter :

  • les Maï-Maï de Mutanga, alias Gédéon ;
  • les Bakata-Katanga.

Le Conseil supérieur de la défense de la RDC a appelé jeudi 7 novembre tous les groupes armés nationaux et étrangers à déposer les armes.

Réunis à Lubumbashi, dans le Katanga, les membres de cette structure nationale de sécurité et de défense ont prévenu que les groupes récalcitrants seront combattus à l’instar du M23 qui vient d’être écrasée par l’armée dans le Nord-Kivu.

Evoquant la chute de cette rébellion, le chef de la Monusco, Martin Kobler, avait parlé d’un signal fort à l’endroit d’autres groupes armés encore actifs dans la région, appelés à déposer leurs armes afin de ne pas subir la même débâcle.

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