Affaire Chebeya: des ONG réclament la poursuite du procès en appel

Floribert Chebeya, militant congolais des droits de l’homme assassiné à Kinshasa. Son corps a été découvert sans vie le 2 juin 2010 dans la périphérie ouest de Kinshasa.

Des ONG de défense des droits de l’homme réclament la poursuite du procès Chebeya interrompu en appel depuis novembre 2012 suite un incident provoqué par les parties civiles qui demandaient la comparution des accusés en fuite, craignant que ce procès soit déclaré nul devant la Cour de cassation faute d’une citation. Ces organisations ont lancé leur appel, samedi 31 mai, soit quatre ans après que les défenseurs des droits de l’homme Floribert Chebeya et Fidèle Bazana ont été assassinés à Kinshasa.

Floribert Chebeya, directeur exécutif de l’ONG «La Voix des sans voix» (VSV), a été retrouvé mort dans sa voiture en juin 2010 dans la périphérie Ouest de Kinshasa. La veille de sa mort, il avait été convoqué dans les locaux de l’Inspection générale de la police pour rencontrer le général John Numbi alors le numéro de la police nationale. Convoqué devant la barre, ce dernier a nié ce rendez-vous.

Fidèle Bazana, qui accompagnait Floribert Chebeya a aussi été assassiné et son corps n’a jamais été retrouvé. Dans le procès en première instance, la Cour militaire de Kinshasa avait condamné à mort le principal suspect, colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite. Un autre avait été condamné à la prison à perpétuité et trois avaient été acquittés.

Vu de la salle d’audience ce 23/06/2011 à Kinshasa, lors du verdict du procès Chebéya. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Le procès en appel a été ouvert le 23 juin 2012. Mais il n’a toujours pas été conclu. «Jusqu’à ce jour, nous n’avons pas encore eu la lumière sur tout ce qui s’est passé. Et nous savons bien que c’est la police qui a opéré mais nous attendons que l’Etat congolais puisse débloquer et que le procès puisse continuer», explique Dolly Ibefo, qui a succédé à Chebeya à la tête de la VSV.

Les ONG de des droits de l’homme estiment que le procès au premier degré n’a pas permis de faire juger le suspect numéro 1 dans cette affaire.   Elles ont toujours considéré le général Numbi, patron de la police au moment des faits, comme le premier suspect.   Pour Robert Ilunga, président de l’ONG « Les Amis de Nelson Mandela pour les droits de l’homme », ce dossier est « compliqué ».

«Nous les ONG, on le savait qu’on n’aura pas une suite par rapport à ce dossier parce que c’est un dossier qui complique. Il y a l’implication de plusieurs personnalités là-dedans », affirme-t-il. Pour commémorer ce quatrième anniversaire de l’assassinat de Chebeya, un recueillement sur sa tombe et un culte d’action de grâce sont prévus. La VSV prévoit également une conférence de presse.

Lire aussi sur radiookapi.net: