Opération Likofi : le rapport de Human Rights Watch, «une diabolisation et un chantage», selon Kinshasa

Deux jeunes hommes présentés mercredi 19 novembre par le ministre de l’Intérieur Richard Muyej comme étant des détenus de la prison de Makala alors que, selon lui, Human rights watch les présentait comme des victimes de disparition forcée lors de l’”opération Likofi”. Photo Olivier Amisi/Ministère de l’Intérieur

Le ministre congolais de l’Intérieur, Richard Muyej a qualifié mercredi 19 novembre le rapport de Human Rights Watch documentant au mois 51 meurtres et disparitions forcées imputés à la Police nationale congolaise lors de l’opération Likofi contre les Kulunas de «chantage éhonté et d’humiliation contre le gouvernement de la république et le peuple congolais».

L’opération policière Likofi (coup de poing, en Lingala, NDLR) contre le banditisme urbain à Kinshasa a été menée entre novembre 2013 et février 2014. Au cours de celle-ci, de nombreux jeunes ont été abattus de sang-froid par la police non loin de leurs domiciles tandis que d’autres ont été victimes de disparition forcée, indique le rapport de l’ONG Human Rights Watch.

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Richard Muyej a estimé en conférence de presse que les rédacteurs de ce rapport se sont inscrits dans la logique de « diabolisation, de lynchage médiatique, de chantage éhonté et d’humiliation contre le gouvernement de la république et le peuple congolais ».

Le ministre de l’Intérieur, de qui dépend la Police nationale congolaise, a présenté séance tenante deux jeunes hommes présumés victimes de disparition forcée dont les photos ont été publiées dans le rapport de Human Rights Watch. Selon M. Muyej, ces deux jeunes hommes sont incarcérés à la prison de Makala où ils ont été transférés par le parquet.

«Avec les preuves ainsi établies qui contredisent suffisamment les allégations de Human Rights Watch, quelle crédibilité pouvons-nous accorder aux publications de cette ONG et aux sources de leurs informations que sont certaines familles en mal de déclarations ?», s’est interrogé Richard Muyej.

Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs mis en doute l’authenticité des photos des morts présentées dans le rapport de Human Rights Watch comme étant des personnes tuées par les forces de la police.

«Là où le gouvernement pourrait attendre que Human Rights Watch publie des photos des policiers de l’Opération Likofi tirant sur les Kulunas, c’est plutôt des cadavres ramassés, on ne sait dans quelles circonstances et quels lieux, qui sont présentés comme étant ceux des victimes de l’opération. Le photomontage, une technique bien connue et utilisée par la plupart de labos politiques, a été utilisé pour créditer la thèse pas convaincante des assassinats de masse», a-t-il jugé.

Richard Muyej a aussi fustigé les méthodes de l’ONG américaine qu’il a assimilées à de l’espionnage dans le milieu policier, accusant au passage «certains gouvernements – qu’il n’a pas cités – de mener des activités subversives sur le territoire congolais dont les rapports ont fait le lit à celui de Human Rights Watch».

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