Fatimata Dia Toure : « La Francophonie fait valoir les principes de bonne utilisation des ressources forestières »

Forêt équatoriale. Photo dentrodeafrica.free.fr

Le XIVe sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie prévu à Kinshasa du 12 au 14 octobre a pour thème : « Enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale ». Sur le plan mondial, les environnementalistes décrient le réchauffement climatique. Les conséquences de ce phénomène se font aussi sentir en République démocratique du Congo (RDC). Certains cours d’eaux tarissent graduellement, des fortes chaleurs sont observées depuis quelques années, la rareté des précipitations et la baisse des récoltes deviennent les réalités quotidiennes de nombreuses populations.

Pourtant, le pays constitue le deuxième poumon mondial grâce à sa forêt équatoriale, après l’Amazonie. Quel est l’apport de la Francophonie dans la  lutte contre le changement climatique en RDC ? Radio Okapi a approché deux experts environnementaux pour en parler. Fatimata Dia Toure est directrice à l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF) créé il y a 22 ans et basé au Québec et Pierre Ongala, expert en agro-développement.

Radio Okapi : Madame Fatimata, qu’est-ce que le changement climatique? Et quelles en sont les causes ?

Madame Fatimata : Le changement climatique peut être considéré comme des situations climatiques qui ont rendu difficile le maintient du développement que le monde a connu au niveau des pays développés. Le changement climatique a pour cause principale l’industrialisation. Celle-ci, par l’utilisation intensive et démesurée des produits fossiles, dont le pétrole, a entraîné progressivement l’élévation de la température terrestre.

Monsieur Pierre Ongala, quelles sont les raisons à la base du changement climatique en RDC ?

Pierre Ongala : La première cause du changement climatique en RDC est l’agriculture sur brulis. Il s’agit des agriculteurs qui coupent des arbres et les brûlent pour forger leurs champs. Ceci dégage beaucoup plus de gaz carbonique dans l’air. Plus de 75 % d’agriculteurs congolais pratiquent cette culture. Il y a également l’exploitation forestière. Ici, nous avons l’exploitation de bois et l’industrie agroalimentaire. Enfin, il y a aussi la mauvaise utilisation des déchets ménagers. Toutefois, notre pays ne représente pas plus de 3% de pollution. De ce fait, nous ne sommes pas encore considérés comme un pays pollueur. Et le mieux serait que les pays développés nous aident à conserver cette forêt qui est la 2e au monde après l’Amazonie, car l’avenir de la planète en dépend.

Madame Fatimata, le thème de la Francophonie porte sur les enjeux environnementaux. Quel est l’apport de la Francophonie pour la préservation des forêts congolaises ?

Parmi les programmes de la Francophonie, nous avons parlé de la négociation. Il consiste à aider les négociateurs des pays en développement à être présents là ou se débattent les questions liées au changement climatique. En ce sens, la Francophonie élabore des programmes de formation, d’information et de renforcement des capacités sur toutes les questions liées à la déforestation, la coupe du bois…Bref, à toutes les questions liées au changement climatique. La francophonie accompagne les délégués des différents pays dans le meilleur modèle d’exploitation de ces ressources.

En RDC, nous avons développé depuis quatre ans en collaboration avec la fédération Wallonie Bruxelles, un programme qui concerne le système d’information énergétique. Il s’agit ici de faire connaitre aux spécialistes de l’énergie d’abord, les moyens et les mécanismes pour pouvoir faire une planification de la politique énergétique. Faire connaitre aussi, le potentiel d’énergie renouvelable qui existe dans le pays et les possibilités de les exploiter.

Dans le cadre du programme de réduction des émissions par la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts, la Francophonie fait valoir des principes qui montrent une utilisation des ressources forestières sans que cela ait des conséquences néfastes sur la population. Nous travaillons également dans le cadre du programme d’électrification rurale.

La Francophonie va-t-elle se limiter au système d’information énergétique ou pourra-t-elle s’impliquer davantage dans la réalisation des projets ?

Vous savez, la Francophonie travaille toujours avec des partenaires au développement. Comme exemple, nous avons ce qu’on a appelé le programme de démarrage rapide, la coopération wallonne a accordé à ce projet un financement de l’ordre de plus d’un million six cents mille dollars pour la première année. Ce programme s’inscrit dans le cadre d’accompagnement de certains pays dont la RDC, en ce qui concerne l’élaboration des programmes en termes d’efficacité énergétique. Le programme retenu pour la RDC est celui des micros barrages hydrauliques.

La coopération wallonne a encore remis vingt-deux millions de dollars pour la deuxième année afin de continuer à soutenir les pays dans les modèles d’investissement. L’objectif principal est de valoriser les énergies renouvelables. Et de sensibiliser la population sur la protection de l’environnement.

Quelles initiatives avez-vous prises à la base afin de sensibiliser la population à s’approprier ces pratiques ?

Nous avons un programme des OING [Organisations internationales non gouvernementales] et des organisations de la société civile qui travaille avec des ONG qui sont accréditées auprès de la Francophonie. Notre action n’est pas seulement limitée au niveau des institutions étatiques, il y a tout un programme qui est transversal, et qui est appelé programme OING-OSC de la Francophonie.

Par des programmes de formation, nous vulgarisons aussi les techniques classiques de carbonisation. Notre institut qui a été créé il y a 22 ans et basé au Québec, au Canada, est très dynamique en matière de formation et d’association de la population sur ces questions.

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