RDC : Greenpeace condamne l’exploitation illégale des bois

Point de presse de l’ONG internationale Green peace le 4/03/2013 à Kinshasa. Radio Okapi/Ph. John Bompengo

L’ONG internationale Greenpeace dénonce l’exploitation illégale des bois en République démocratique du Congo (RDC). Dans un rapport de 12 pages intitulé : « Coupez ! L’exploitation forestière illégale en République Démocratique du Congo. Un mauvais scénario », elle a affirmé que cette pratique plonge le pays dans un « chaos organisé » et fait perdre au trésor public beaucoup d’argent.

Sur base des recherches et des visites de terrain dans la province de Bandundu et certaines installations portuaires, ce rapport explique que l’exploitation illégale des bois dans les forêts congolaises est favorisée par l’absence de gouvernance, de l’application des lois et de transparence dans le secteur forestier.

Exportation frauduleuse

Parlant du manque d’application des lois sur l’exploitation forestières des bois en RDC, Greenpeace indique que certaines sociétés ne respectent pas la loi congolaise en la matière, citant notamment CEBA, YIFA, TERCO (opérant dans la province du Bandundu) et CAB de la province de l’Equateur.

Le rapport de Greenpeace indique par exemple que CEBA a exporté 6 784 m3 du bois Wenge, soit 2 243 m3 de plus que ce que signalent les données de l’Office congolais de contrôle (OCC). Pour cette ONG, les permis illégaux d’exploitation que détenait cette entreprise ont été annulés mais celle-ci continue d’exploiter les bois à échelle industrielle et menace une zone importante des Bonobos.

Quant à YIFA, Greenpeace parle d’une fraude fiscale manifeste, étant que cette firme est absente des données de l’OCC entre 2009 et 2011 en dépit de son exportation pendant cette période. L’ONG ajoute que son permis d’exploitation a été annulé en octobre 2012.

Pour Greenpeace, ce secteur échappe à la surveillance du gouvernement et occasionne des pertes financières au trésor public.

Cette ONG rappelle qu’en décembre 2012, le Fonds monétaire international (FMI) avait suspendu un financement de deux cent vingt-cinq millions de dollars américains à la RDC, en raison de ses inquiétudes sur la transparence et la gouvernance dans le secteur minier.

Contournement de la loi

En octobre 2012, le ministère de l’Environnement, Conservation de la nature et Tourisme avait manifesté son intention « de mettre en place un cadre règlementaire pour une exploitation artisanale efficiente du bois congolais ».

Selon ce même rapport, les compagnies forestières ont contourné le moratoire sur le nouveau permis d’exploitation industrielle par l’utilisation illégale des permis artisanaux, qui officiellement ne doivent être utilisés que pour l’exploitation forestière à petite échelle.

« Le ministre a pris plusieurs mesures mais il n’y a pas eu de suivi. Quand vous allez sur le terrain, c’est comme si il n’y a rien eu. Il a eu à annuler certains titres qui continuent à être fonctionnels », a déclaré la chargée de campagne forêt Greenpeace, Irène Wabiwa.

Greenpeace parle aussi de la destination inconnue du bois exploité en RDC.

« Sur les 80 000 m3 de bois sortis, 37% n’ont pas de destination connue. 2% de bois vont à Abidjan, plus de 20% seulement vont en Europe. Et la grande partie en Asie. Le port de déchargement c’est pointe noire au Congo-Brazzaville. Est-ce que nous pouvons comprendre qu’on achète du bois au Congo-Kinshasa pour les vendre à Brazzaville ? », s’est interrogé Sylvain Malou, le coordonateur de l’ONG OCCD, spécilisée dans l’exploitation des bois.

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