Guerre civile en RDC : malgré les efforts de l'État, le trafic de minerais continue-Nouvel Observateur

L’instance de l’Onu à dénoncer le lien entre l’exploitation des ressources naturelles et la persistance du conflit armé dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a porté ses fruits. Une loi américaine et des règles de l’OCDE décrivent aujourd’hui les étapes que doivent respecter tous les acteurs qui utilisent, dans leurs chaînes d’approvisionnement, les ressources naturelles en provenance des zones en conflit.

Un grand pas qu’il faut saluer

Le gouvernement congolais a lui aussi intégré ces dispositions dans la législation nationale. Aujourd’hui, dans le Nord-Kivu (est de la RDC) par exemple, l’exploitation de minerais n’est autorisée que sur quelques sites déclarés “propres”, parce qu’il n’y a pas de présence d’hommes en armes (armée nationale ou rebelles), d’enfants ou de femmes. L’exportation de minerais reste cependant limitée dans l’attente d’un assainissement global du secteur.

Cette évolution dans les législations et la prise de conscience par tous les acteurs de cette filière (entreprises, administrations, artisans) constituent un très grand pas qu’il faut saluer. Mais en pratique, vu de l’est de la RDC, où je me trouve en ce moment, le problème est loin d’être résolu.

Je crains, hélas, que certains des appareils et gadgets électroniques auxquels nous sommes si attachés ne soient encore fabriqués avec du coltan du conflit congolais.

Mines et armées cohabitent toujours

Pour preuve, en visitant il y a quelques jours le territoire de Masisi, à deux heures de route de la ville de Goma (Nord-Kivu), j’ai découvert le site minier de Mudere, où plusieurs centaines de personnes travaillent à l’extraction du coltan. D’après les “creuseurs” artisanaux que j’ai pu interroger, le site est fonctionnel depuis le mois de décembre 2012. Il est situé non loin de sites déclarés propres par un récent arrêté ministériel, mais n’apparaît cependant sur aucun document officiel congolais.

Plus grave encore, à quelques mètres de là se trouve un campement de l’armée nationale, composé, semble-t-il, d’anciens rebelles intégrés dans les forces gouvernementales à la suite de multiples accords de paix. J’ai échangé avec le commandant de cette compagnie et quelques-uns de ses éléments. Tous m’ont juré la main sur le cœur qu’ils n’avaient aucune relation avec la mine. Ce que contredisent pourtant les déclarations des mineurs !

Des frontières poreuses

Il semble que le coltan sorte du Nord-Kivu en toute illégalité, via le Rwanda voisin, pour atteindre le marché international. C’est du moins la conviction d’experts de la société civile, de responsables du ministère local des mines et des acteurs économiques que j’ai interrogé. Selon eux, un système de fraude impliquant des Rwandais et des Congolais (parmi lesquels des éléments de l’armée) se serait développé pour écouler ce minerai. C’est aussi ce que les experts de l’Onu ont dénoncé un rapport publié en novembre 2012. Lire la suite sur nouvelobs.com