Bukavu : portrait de Didace Namujimbo, journaliste de radio okapi assassiné

Didace Namujimbo est, après Serge Maheshe, le second journaliste de radio okapi à être assassiné, toujours à Bukavu. radiookapi.net dresse ici son portrait. La famille du défunt demeure inconsolable. La Monuc promet son assistance au service chargé de l’enquête. Pour Journaliste en danger, Jed, il est temps qu’on arrête la machine de mort déclanchée contre les journalistes, rapporte radiookapi.net

Didace Namujimbo Numigari est né le 12 janvier 1974 à Lubumbashi au Katanga. Fils de Namujimbo Pierre et de Thérèse Nabintu, Didace est le 7e enfant d’une famille de 9. Il commence ses études primaires à l’institut Imara de Lubumbashi, pour les achever à Bukavu, au Sud Kivu. Il a fait ses études secondaires successivement aux instituts Elimu et Kasali, toujours à Bukavu.

Fasciné par le journalisme, il quitte l’institut supérieur de développement rural, ISDR/Bukavu, en 1996. Il sera ensuite recruté à la RTNC/Bukavu, où il travaillera jusqu’en 2006. Didace entre à radio okapi le 6 février 2006 comme journaliste reporter. Il laisse une veuve et trois orphelins, dont un garçon et deux filles.

Réaction de la famille

Deo Namujimbo, président de l’Union nationale de la presse du Congo Section Sud-Kivu et frère ainé de Didace Namujimbo, évoque les circonstances de la mort du défunt : « On était à la maison ce matin à 6h30’, quand un voisin de Didace est venu nous dire qu’à 21h de la nuit de vendredi 21 novembre, ils ont entendu des coups de feu dans leur quartier qui est un peu plus au centre de la ville. Mais vous savez à Bukavu, avec l’insécurité, les gens ne sortent plus la nuit en pareille circonstance. Et, c’est seulement ce matin que les enfants, en allant à l’école, et les gens qui sont matinaux, en allant au travail vers 5 heures, ont découvert le corps de Didace étendu dans un escalier, à 50 mètres de chez lui. Ils sont directement venus nous informer. Quand on est arrivé là-bas vers 6h45, on a constaté qu’il avait été tué d’une balle dans le cou, juste en dessous de l’oreille droite. »

La Monuc se dit consternée par l’assassinat de Didace Namujimbo

La Monuc est prête à collaborer avec les services sécuritaire et judiciaire de la RDC pour mettre la main, le plus rapidement possible, sur les auteurs de ce crime. Madnodje Mounoubai, porte parole de la Monuc, explique : « Notre première réaction, c’est la consternation de perdre un collègue. Non seulement Didace était un journaliste de qualité, mais il avait beaucoup d’avenir devant lui. Ce n’est pas la première fois que nous perdons un collègue sous les balles. Nous condamnons avec force cet assassinat. Les services compétents de la Monuc vont se mettre à la disposition des services de sécurité et judiciaires de ce pays pour les assister s’ils le demandent. Dans tous les cas, nous espérons que les autorités de ce pays vont faire diligence pour poursuivre le ou les auteurs de cet acte ignoble, qu’ils seront rattrapés et qu’ils subiront les rigueurs de la loi. »

La Fondation Hirondelle est profondément choquée par ce crime

La Fondation Hirondelle, qui gère Radio Okapi en partenariat avec la Mission des Nations Unies au Congo, condamne avec la plus grande fermeté l’assassinat de Didace Namujimbo et demande que tous les moyens soient mis en œuvre pour identifier rapidement son ou ses auteurs. La Fondation Hirondelle est déterminée à poursuivre sans réserve son travail d’information au service de la population congolaise.

Pour Journaliste en danger, trop c’est trop

Du côté de Jed, c’est un double sentiment de révolte et d’impuissance face à l’assassinat du journaliste Didace Namujimbo. Cette ONG demande aux autorités de la RDC de prendre leur responsabilité pour trouver et punir les commanditaires de cet assassinat. Tshivis Tshivwadi, Secrétaire général de Jed, explique : « C’est un double sentiment de révolte et, en même temps, d’impuissance par rapport à ce qui nous apparaît aujourd’hui comme la mort programmée des journalistes. C’est chaque année que des journalistes sont assassinés depuis 2004. Chaque année, dans les mêmes circonstances, les journalistes sont assassinés, dans la même période, dans les mêmes circonstances. Aujourd’hui, tous les journalistes se posent la question de savoir à qui le prochain tour ? Ça fait 7 journalistes assassinés en l’espace de trois ans. Pour cela, nous avons eu droit à des simulacres de procès juste pour masquer les véritables assassins et les commanditaires. Nous espérons, et nous demandons encore une fois que la justice, les autorités de ce pays, puissent prendre leur responsabilité, que des enquêtes sérieuses soient menées pour savoir les circonstances, parce que, jusqu’à présent personne ne sait dire exactement les circonstances dans lesquelles Didace a été assassiné. Nous pensons qu’il est temps qu’on arrête cette machine de mort qu’on a déclanché contre les journalistes. »

strong>L’UNPC compte utiliser toutes les voies démocratiques pour que pareille crime n’ait plus lieu

C’est la réaction de la présidente de l’Union nationale de la presse du congo. Pour Chantal Kanymbo, cet énième assassinat est une chose qui ne devait plus arriver en RDC : « Nous étions convaincu que plus jamais cela ne pouvait nous arriver, après les assassinats de Franck Ngykie, Bapuwa Mwamba, Serge Maheshe, Patrick Kikuku. Franchement, j’ai été très choquée tôt ce matin d’apprendre l’assassinat de notre ami Didace. Immédiatement, nous dénonçons cet énième assassinat d’un journaliste congolais. Ensuite, nous allons inviter toutes les organisations gouvernementales pour examiner et voir quelles actions nous pourrions éventuellement mener pour dénoncer cet énième assassinat. Vous savez, nous avons des moyens démocratiques pour nous exprimer. Nous allons utiliser tous les moyens démocratiques de manière à assurer la sécurité des journalistes et des Congolais d’une manière générale. »