Kisangani: 3 ans après, le projet de la cimenterie au point mort

Sur le site de Maiko, à 58 kilomètres à l’est de la ville de Kisangani, aucune construction n’est visible. Pourtant, c’est sur ce site que devait être érigée la cimenterie de la Province Orientale, la Cipor. La cérémonie de lancement des travaux de construction de cette usine a été faite, voilà 3 ans. Aucune autre pierre n’a été posée depuis cette date ni pour l’usine ni pour les maisons d’habitation promises aux travailleurs, rapporte radiookapi.net

C’est en 2006 que le président Joseph Kabila a posé la première pierre de la construction de cette usine. Quelques mois après, son conseiller en matière d’infrastructures effectuait une visite à Kisangani pour confirmer le début de la réhabilitation du port de l’Onatra où l’on doit décharger les matériaux de construction de la Cipor. Certains habitants de Kisangani interrogés par radiookapi.net ne croient plus en la réalisation de ce projet.
« voilà que nous sommes en 2009, bientôt 2010 et aucun matériel de construction n’est arrivé à Kisangani. Lorsqu’on tient des promesses comme ça, il faut les réaliser sinon, c’est du mensonge. Nous ne croyons plus en leurs promesses », a déclaré un habitant.
Les autorités de la Cipor appellent la population de Kisangani à la patience. D’après le coordonnateur de la Cipor, Willy Lokomba, 80% des matériaux de construction sont déjà à Kinshasa et seront bientôt acheminés à Kisangani. D’ici le mois de mars 2010, tous les matériaux légers seront sur le site de construction, a-t-il assuré, parce que l’Onatra qui assure la manutention des matériaux de construction ne dispose pas de grue pour transporter les matériaux lourds. La Cipor promet de louer une grue de grande capacité pour expédier les matériaux de Kisangani à Maiko.

La construction effective de la Cipor a trop duré à cause de mauvaises prévisions dans l’élaboration de son projet, selon Willy Lokomba. Aucune étude de faisabilité de la construction de cette usine n’a été faite au préalable. Il a fallu attendre l’arrivée du ministre de l’Industrie Simon Mboso Kiamputu pour obtenir des fonds nécessaires à cette étude réalisée finalement en 2008, soit deux ans, après la pose de la première pierre de la construction de l’usine par le président Kabila. A l’issue de cette étude, la décision a été prise de construire l’usine de la Cipor, non plus à Kisangani mais à Maiko où l’on trouve des matières premières, notamment le calcaire et l’argile. rnEn attendant la construction de cette usine, la Province Orientale dépend toujours du Bas Congo et des pays voisins pour son approvisionnement en ciment.

Concentration des cimenteries à l’ouest

Les quelques cimenteries congolaises sont concentrées à l’ouest de la RDC. Il s’agit de la cimenterie de Lukala et de la cimenterie nationale, toutes deux installées au Bas Congo. Les provinces du centre de la RDC en sont dépourvues. Un projet de construction d’une cimenterie à Lubilanji, au Kasaï- Oriental, moisit toujours dans les tiroirs. Le rncoûtt de la construction de cette usine est évaluée à 120 millions $ US. Les provinces de l’est de la RDC non plus ne disposent pas des cimenteries. Les populations et les entreprises de cette partie du pays s’approvisionnent à partir du Rwanda, du Burundi, de l’Ouganda, de la Tanzanie ou du Kenya.

La demande du ciment est toujours plus forte que l’offre, surtout en cette période où la RDC connaît ce qui peut être qualifié de « boom immobilier ». Actuellement, les cimenteries congolaises ne produisent que 800 mille tonnes par an, alors que la demande est évaluée à plus de 2 millions de tonnes. Pour compenser ce déficit, à long terme, une cellule de l’Assemblée nationale a proposé, en 2008, que le gouvernement s’active dans la réhabilitation ou la construction d’autres usines de production du ciment dans les provinces. A court terme, l’importation s’impose pour ne pas freiner la construction des infrastructures de base. Les mesures prises par le gouvernement sur l’exonération de la taxe à l’importation du ciment gris témoignent de cette prise de conscience. Ainsi, la décision de l’exonération avait pris effet pour la première fois le 17 novembre 2008 pour une durée de 6 mois. Depuis lundi dernier, elle a été reconduite pour six autres mois. Cette solution n’est que palliative. La solution définitive passe par la réhabilitation des usines existantes et la construction des nouvelles.