Patrice Neveu : « En RDC, je n’ai pas laissé la trace que j’aurai dû laisser »

Les léopards de la RDC. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

La RDC débute le Championnat d’Afrique des nations (Chan) le 14 janvier 2014 face à la Mauritanie. Les Congolais vont retrouver la Mauritanie, une équipe dirigée par leur ancien sélectionneur Patrice Neveu. Au micro de Radio Okapi, il parle des objectifs de sa sélection pour le Championnat d’Afrique des nations qui débute le 11 janvier prochain. Le technicien français évoque également les moments passés à la tête de la sélection congolaise. Une expérience qui lui a laissé un goût d’inachevé.

Radio okapi : Patrice Neveu, vous êtes actuellement sélectionneur de la Mauritanie. Récemment on vous a annoncé du côté du Congo-Brazzaville mais finalement vous êtes resté en Mauritanie. Qu’est-ce qui s’est passé ?

Patrice Neveu : J’ai été contacté par le Congo-Brazzaville pour prendre l’équipe des Diables rouges. J’ai échangé avec les autorités étatiques et de la Fédération de football à Brazza. Ensuite je suis rentré en Mauritanie. Il s’avère qu’il y a eu un petit décalage par rapport aux échanges qu’on a pu avoir. J’ai finalement prolongé jusqu’en février 2015 en Mauritanie.

Avec l’objectif de qualifier la Mauritanie pour la Coupe d’Afrique des nations au Maroc ?

Ça fait deux ans que je suis en Mauritanie. Je pense avoir construit quelque chose là-bas. On a obtenu une première qualification au Chan [Championnat d’Afrique des nations 2014]. J’ai lancé aussi l’équipe A avec quelques joueurs qui jouent en professionnel en Europe. On va essayer de tenter une qualification pour la Coupe d’Afrique. Je pense que c’est quelque chose d’envisageable en sachant que tout dépendra du groupe dans lequel on va tomber. C’est un pays qui gagne à être connu. Je voulais aller au bout de mon aventure. Voilà pourquoi j’ai prolongé.

On peut vous qualifier d’homme de défis ?

Vous savez lorsqu’on travaille sur le continent africain depuis un certain nombre d’années, le plus difficile est de s’inscrire dans la durée. J’ai eu à relever quelques défis, celui-ci était bien sûr tout autre parce que la Mauritanie était un peu à plat puisqu’on était 204e sur le classement Fifa [actuellement, la Mauritanie occupe la 144e position].

Vous avez dirigé beaucoup d’équipes. Vous avez dirigé le Niger, la RDC, la Guinée. Vous êtes même passé par la Chine et l’Egypte. Qu’est-ce qui vous fait courir aujourd’hui ?

La passion. L’envie de relever des challenges comme un chanteur, comme un guitariste qui est passionné et qui a envie de toujours jouer et continuer. C’est vrai que vivre en Afrique m’apporte beaucoup de satisfaction. Tant que la forme est là, on continue sans se poser de questions.

Qu’est-ce que vous n’avez pas aimé depuis que vous dirigez les sélections africaines ?

La passion est débordante en Afrique. Quand tu gagnes, c’est exceptionnel. C’est des sensations inoubliables. Par contre, quand il y a échec, manifestement ça fait mal. En ce moment là, ce sont des situations dures à vivre dans la mesure où tu es seul. Mais ça passe avec le temps, on a toujours cette volonté de rebondir. J’ai le sentiment aussi de n’avoir pas été jusqu’au bout de ce que j’aurai pu faire en RDC. Je suis resté un peu muet par rapport à ce que j’ai vécu là-bas. Pour moi, ça reste un grand pays de football. Je pense que j’aurai dû  arracher cette qualification [à la Can 2010].

Vous avez un goût d’inachevé ?

Oui. Je pense que c’est un pays avec un grand potentiel. J’y étais bien mais j’ai bien conscience de ne pas y avoir laissé la trace que j’aurai dû laisser parce qu’on a manqué cette qualification. Les causes de cette non-qualification, moi seul je les connais. J’ai toujours fermé ma bouche et serré mon cœur pour continuer la route et passer à autre chose.

Si on vous proposait de revenir en RDC, vous reviendrez ?

Bien sûr. Vous le savez comme moi que la RDC n’est pas au rang qu’elle mérite d’être [83e au dernier classement Fifa]. Il y a des causes à tout ça. Quand on voit le potentiel des joueurs qui sont partout en Europe, je pense que le peuple est en droit de demander plus.

Avec la Mauritanie, vous allez retrouver la RDC au Chan le 14 janvier prochain. Quelle a été votre réaction quand vous avez découvert ce tirage ?

J’aurai voulu un adversaire de calibre inférieur. Mais c’est la loi du tirage. Cela dit, retrouver des joueurs avec qui j’ai travaillé, c’est toujours sympathique. On sait bien que le Congo a les faveurs des pronostiques. Il postule à remporter la coupe, ce qui est complètement logique. Nous, on va arriver là-bas avec très peu d’expérience. Mais on va tout faire pour bien figurer devant la RDC.

Quels sont vos objectifs pour cette compétition ?

On reste des compétiteurs. Un entraîneur qui va dans une compétition et qui se dit qu’il ne va pas passer le premier tour n’est pas un entraîneur. Dans nos têtes, malgré notre manque d’expérience, on va tout faire pour essayer de jouer le trouble-fête. Mais il faut qu’on reste lucide par rapport à notre potentiel et pratiquer un jeu qui peut nous convenir pour nous éviter de grosses déconvenues. Si on arrive à bien figurer, à donner une belle image de la Mauritanie, ce sera une bonne chose.

Propos recueillis par Christian Mulumba Kalumba.