Thierry Michel récuse des erreurs de traduction dans son film interdit en RDC

Dr Denis Mukwege, gynécologue rendu célèbre mondialement pour les soins administrés aux femmes victimes des violences sexuelles dans les provinces du Nord et Sud Kivu en RDC. Photo Facebook Page de We want 2013 Nobel Peace Prize for Dr Denis Mukwege (Octobre 2012)

Le réalisateur belge Thierry Michel se dit « extrêmement surpris » par l'interdiction de son film documentaire sur le docteur Mukwege en RDC. Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende avait notamment mis en cause la traduction des témoignages des femmes victimes de viols, qui a été déformée, selon lui, ainsi que des calomnies à l’endroit de l’armée. Le réalisateur affirme avoir commandé une expertise qui invalide l’hypothèse d’une déformation des propos. 

« Il faut reconnaître que ça peut arriver, une erreur de traduction ou de sous-titrage. Mais là, suite à cette remarque, nous avons fait expertiser le film par une journaliste tout à fait reconnue swahiliphone qui parle à la fois Swahili et Mashi de la RTBF. Et puis, nous avons pris un expert swahiliphone et un expert en traduction Mashi. Et aucun des trois n'a trouvé la moindre erreur de traduction ou de sous-titrage », affirme le réalisateur belge.

Thierry Michel estime qu'il s'agit d'une erreur du ministère des Médias qui ne lui aurait d'ailleurs pas communiqué l'erreur de traduction décelée dans le film.

« Je pense qu'il y a eu maldonne de la part du ministère. Je ne sais pas à qui ils se sont adressés pour établir cette erreur. Ils ne nous ont d'ailleurs jamais signalé quelle était l'erreur exacte, sur quel témoignage. Je pense qu'il y a eu là une maldonne. J'espère qu'elle est involontaire et que ce n'est pas un mensonge d'Etat », conclut le réalisateur « L'homme qui répare les femmes- la colère d'Hippocrate ».

La Belgique et la Francophonie protestent

L'interdiction de ce film documentaire sur l'œuvre du docteur Mukwege a suscité de nombreuses réactions.

Le ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, a appelé mercredi 2 septembre, à la reprise des discussions en République démocratique du Congo (RDC) pour que le documentaire puisse bien être diffusé dans le pays.

Le film a été produit avec l'aide du Centre du cinéma et de l'audiovisuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Selon M. Demotte, le film « ne doit pas être vu comme une attaque contre les institutions congolaises », mais avant tout comme « un hommage à la résilience et au courage de femmes ayant connu l'horreur, ainsi qu'à l'abnégation d'un homme ».

Pour sa part, la Secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, estime que cette interdiction de diffusion est une atteinte à la liberté d'expression.

«Cette interdiction constitue une véritable atteinte à la liberté d'expression, à la liberté de création et surtout au droit à l'information», a-t-elle déclaré.

L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) a soutenu et contribué financièrement à la réalisation de « L'homme qui répare les femmes » qui a déjà obtenu sept prix internationaux dans cinq pays. 

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