RDC: la peine des six militants de Lucha réduite à six mois de prison

Une vue aérienne partielle de la ville de Goma au Nord-Kivu où les 6 militants de Lucha ont été jugés.

Condamné à deux ans de prison en première instance, six militants du mouvement pro-démocratie Lucha poursuivis pour « tentative d'incitation à la révolte » ont été condamnés vendredi 4 mars à Goma à six mois de prison en appel.

« Aujourd'hui, le tribunal a condamné chacun de nos six clients à six mois de prison ferme pour tentative d'incitation à la révolte » au terme du procès en appel, a déclaré à l'AFP Me Georges Kapiamba, coordonnateur des avocats de la défense.

« C'est une condamnation honteuse, issue d'un procès non équitable », a-t-il estimé.

Âgés de 23 à 28 ans, les six jeunes gens (dont une femme) militent au sein du mouvement Lutte pour le changement (Lucha) basé à Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, dans l'Est de la RDC. Mouvement de jeunes indignés, Lucha se définit comme une structure apolitique et non violente.

Le 24 février, ils avaient été condamnés en première instance à deux ans de prison, huit jours après avoir été arrêtés lors d'une grève générale décrétée par l'opposition le 16 février, date qui marque l'anniversaire de la répression meurtrière de la « marche des chrétiens » qui réclamaient la démocratie en 1992.

Le procès en appel s'est ouvert jeudi. Les avocats de la défense ont refusé de comparaître dénonçant une « violation flagrante du principe d'un procès équitable ».

Selon les avocats de la défense et des témoins, vendredi, à la reprise de l'audience, la défense a récusé les juges, avant de quitter la salle d'audience, dénonçant « des nombreuses irrégularités ».

La Cour a commis quatre avocats d'office mais eux aussi ont claqué la porte face au refus du tribunal de renvoyer l'affaire afin de leur permettre de prendre connaissance du dossier. 

Le ministère public, qui avait également fait appel contre le jugement en première instance, a requis dix ans d'emprisonnement, peine que le tribunal a réduite à six mois.

« Condamnés sans s'être défendus »

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, Lucha dénonce la nouvelle condamnation de ses membres.

« Nos camarades ont été condamnés sans s'être défendus, et sans assistance d'un seul avocat, la Cour d'appel ayant obstinément refusé de leur donner un temps raisonnable pour préparer leur défense. La Cour s'est donc fondée sur la seule version des faits et les seuls réquisitoires du Ministère Public », indique le communiqué.

Pour sa part, le directeur du Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'Homme en RDC, José Maria Aranaz, s'est dit « préoccupé par l'instrumentation du système judiciaire » congolais contre « les acteurs de la société civile ».

Cette « condamnation prouve une tendance à la répression » des libertés d'expression, a-t-il ajouté.

L’« acharnement judiciaire contre les militants pro-démocratie de la Lucha [est] une honte pour la justice en RDCongo » a dénoncé dans un communiqué la Voix des sans voix (VSV), l'une des principales organisations congolaises de défense des droits de l'Homme.

Depuis mars 2015, une dizaine de militants de Lucha ont été arrêtés, jugés ou condamnés par la justice congolaise.

Vendredi, la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström, en visite en RDC, a jugé « inacceptable que la jeunesse soit privée de moyens d'expression ».

(AFP)

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