RDC: 4 activistes de la Lucha arrêtés lors des manifestations contre les massacres de Beni

La police disperse un sit-in de la LUCHA en face du Quartier général de la MONUSCO à Goma (Nord-Kivu) et arrête 4 militants, qui protestaient contre les massacres de Beni. Samedi 14 mai 2016. Photo Monusco/Toussnel Chery.

La police a interpellé samedi 14 mai matin à Goma (Nord-Kivu) au moins quatre jeunes militants du mouvement citoyen Lute pour le changement (LUCHA), qui observaient un sit-in devant le quartier général de la MONUSCO. Ils manifestaient pacifiquement pour, selon eux, dire non aux massacres et tueries dans le territoire de Beni. Lors de l’intervention, des éléments de la police ont blessé huit des militants trouvés sur le lieu. Un agent de la MONUSCO a été aussi brutalisé.

Les jeunes de la LUCHA manifestaient pacifiquement devant une des installations de la MONUSCO, au centre-ville de Goma. Ils arboraient des calicots portant des messages d’interpellation sur les atrocités enregistrées dans la zone d’Eringeti en territoire de Beni.

Des militants du mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) lors d’un sit-in en face du Quartier général de la MONUSCO à Goma, contre les massacres de Beni. Samedi 14 mai 2016. Photo MONUSCO/Toussnel Chery.

On pouvait lire sur leurs calicots: « Beni en sang, pourquoi ce silence ?», «BENI n’est pas une boucherie ! » … Puis tout d’un coup, deux pick-up de la Police nationale congolaise (PNC) ont surgi, avec une dizaine d’éléments de la police anti-émeute.

Les jeunes gens ont été brutalisés à l’aide de crosse de fusils; leurs téléphones et calicots arrachés. Un agent de la MONUSCO qui filmait la scène a été, lui aussi, malmené et son badge arraché. Deux journalistes, dont un correspondant de la Voix de l’Amérique, ont été également brutalisés par la police.

Malgré l’intervention du chef de bureau de la MONUSCO-Goma, demandant à la police de cesser avec cette brutalité, au moins quatre jeunes militants ont été appréhendés et embarqués manu militari jusqu’au poste de police.

Un colonel de la police, qui commandait cette opération, a fait savoir qu’il en avait reçu l’ordre de ses supérieurs et qu’il devait l’exécuter.

La MONUSCO réclame des sanctions

Les responsables de la MONUSCO étaient en discussion à la mi-journée avec ceux de la PNC pour faire libérer ces jeunes. Une promesse de leur libération imminente a été faite, a souligné le chef de bureau de la mission onusienne à Goma, Daniel Ruiz.

Entre-temps, les jeunes qui ont pu se glisser dans les locaux de la MONUSCO pour échapper à la police, ont, eux, pu regagner leurs domiciles.

Le chef de Bureau de la MONUSCO à Goma a déploré la brutalité dont ont fait montre des éléments de la PNC à l’endroit de ces jeunes militants qui manifestaient pacifiquement devant les installations de la MONUSCO. Il dit espérer que les responsables de la PNC vont sanctionner ces actes:

«Les autorités civiles et policières du Nord-Kivu nous ont garanti qu’elles protègeraient les manifestants, je ne peux interpréter que ça été des éléments indisciplinés qui ont pris l’initiative contre les ordres de leurs supérieurs pour brutaliser les manifestants. Et c’est dommage ! J’espère que les mesures disciplinaires seront prises.»

Les manifestants protestaient contre le récent massacre de dix-sept personnes attribué aux rebelles ougandais des ADF à Beni.  Depuis longtemps, les FARDC, appuyées par la Monusco, mènent des opérations pour démanteler ces rebelles dans la zone.

Des militants du Mouvement citoyen Lutte pour le changement (LUCHA) lors d’un sit-in devant le Quartier général de la MONUSCO à Goma (Nord-Kivu) contre les massacres de Beni. Samedi 14 mai 2016. Photo Monusco/Toussnel Chery.

«On fait des opérations militaires conjointes avec les FARDC contre ces ADF. Mais autant qu’il y aura des terroristes et maffieux qui massacrent des femmes enceintes et des éléments indisciplinés des forces [de sécurité] qui n’obéissent pas aux ordres qu’ils reçoivent, nous [MONUSCO] devrions améliorer l’efficacité de l’Etat congolais », a conclu Daniel Ruiz.

Mardi 15 mars, dix-huit militants de Lucha avaient été interpellés au cours d’une marche pacifique organisée pour demander la libération de leurs camarades, Fred Bauma et Yves Makwambala, emprisonnés depuis plus d’une année à Kinshasa.

Leur arrestation est intervenue un mois après la condamnation  des six autres jeunes membres de la LUCHA par le tribunal de grande instance de Goma  à deux ans de servitude pénale pour «désobéissance à l’autorité».

Ces jeunes avaient été interpelés mardi 16 février à l’aube, jour décrété ville-morte par l’opposition congolaise et des organisations de la société civile, pour appeler le président Kabila à respecter la constitution dans ses dispositions portant sur les mandats présidentiels.

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