Le gouvernement congolais n’a pas laissé impunies les fédérations sportives dont des athlètes ont décampé aux Jeux de la Francophonie, à Nice (France). Le ministre des Sports, Baudouin Banza Mukalayi Sungu, a décidé de ne plus signer les ordres de missions de ces fédérations. Dans un entretien exclusif accordé samedi 5 octobre à Radio Okapi, le ministre explique les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision.
Radio Okapi : Pourquoi avez-vous pris la décision de ne plus signer les ordres de missions de certaines fédérations sportives, notamment le basketball, l’athlétisme…?
Banza : L’honneur du pays n’a pas de prix. Dernièrement, la RDC était sur toutes les ondes parce que quelques uns de ses athlètes ont fui au lieu de participer aux compétitions à Nice et cela ternit l’image du pays. On ne peut pas laisser impunis des tels actes, d’autant plus que les responsables de ces fédérations ont signé les actes d’engagement auprès de la Maison Schengen à Kinshasa. Elles devraient tout faire pour encadrer leurs membres afin que personne ne fuit. On ne voulait pas leur donner des visas. Quand les uns fuient, les autres ont du mal à obtenir les visas après. Nous ne pouvons pas donner l’impression d’être laxiste. Nous devons tirer la sonnette d’alarme et leur demander de mieux s’organiser. Je n’ai pas retiré l’agrément mais j’ai tout simplement décidé de ne plus leur donner l’occasion d’aller jouer à l’extérieur au nom de l’Etat. Pendant ce temps, ces fédérations vont former des athlètes compatriotes qui aiment leur équipe, leur pays et qui respectent les engagements, sinon ca va devenir une habitude.
Radio Okapi: Certaines fédérations se plaignent qu’il y a eu deux poids, deux mesures étant donné que la Fecofa n’a pas été sanctionnée alors qu’un footballeur de moins de 23 ans a également disparu aux Jeux de Nice?
Banza: Le football sort plusieurs fois mais je n’ai pas entendu les athlètes fuir. Nous avons des engagements internationaux avec le football. En 2014, notre équipe va jouer au Chan en Afrique du Sud, d’ici 2015, nous allons organiser le championnat de U-23 et en 2019 nous avons l’ambition d’organiser la finale de la Coupe d’Afrique des Nations (Can). Tous ces éléments entrent en ligne de compte. Et en football, la discipline est un peu plus sérieuse. Il n’y a pas une hémorragie comme ailleurs. Nous avons lancé une mise en garde. On a demandé aux dirigeants de la Fecofa de renforcer la discipline, surtout pour les moins jeunes. J’assume pleinement les décisions que j’ai [prises] et la RDC n’est pas la seule car le Sénégal a également pris la même décision pour les mêmes actes.
Radio Okapi: La Fédération de lutte traditionnelle est frappée alors que son président affirme que ses athlètes prennent part au championnat d’Europe de la discipline. Pourquoi n’avez-vous pas attendu que ce championnat puisse se clôturer pour sanctionner cette fédération?
Banza: Si ces athlètes rentrent au pays et apportent leurs preuves qu’ils n’ont pas fui, nous reverrons notre décision. Le mal est qu’ils étaient partis sans aviser le chef de la délégation. On a attendu le 4 octobre, date à laquelle leurs visas ont pris fin.
Radio Okapi: La fédération de judo a été frappée alors que ses athlètes n’étaient pas aux Jeux de Nice. Pourquoi cela ?
Banza: La Fédération de judo fait également partie de cette liste noire après que les Judoka ont fui aux Jeux olympiques de Londres en 2012 et au championnat mondial, en aout dernier au Brésil. Cette décision permettra aux fédérations d’être sévères envers les athlètes.
Radio Okapi: La mission de conscientiser les athlètes ne revient-elle pas au ministère des Sports ?
Banza: Non. Ce n’est pas le ministère des Sports qui recrute les joueurs. C’est aux clubs et aux fédérations de mettre l’accent sur la formation de joueurs. C’est extrêmement important.
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