Serge Makobo : «La rumba, c’est notre âme»

Une guitare sèche. Ph/Droits Tiers.

Serge Makobo, chercheur attaché au département d’Anthropologie de l’Université de Montréal (Canada) estime que  la rumba est l’âme du Congolais. Il réagit à l’annonce de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) qui a accepté mercredi 4 mai d’entamer le processus du classement de la rumba comme patrimoine immatériel de l’humanité.
 
«C’est aller très vite. La demande a été faite publiquement et l’UNESCO a réagi vite. Je crois qu’en acceptant cela, l’UNESCO a évalué la valeur de cette musique. C’est peut-être un dossier sur lequel on travaillait depuis longtemps, mais qui n’attendait qu’un déclic. Ça nous permettra d’avoir de l’intérêt dans notre musique. La rumba, c’est notre âme. Nous sommes identifiés par rapport à ça», commente Serge Makobo.
 
Il plaide pour la pérennisation de l’héritage du roi de la Rumba. «Les groupes disparaissent après la mort du leader parce que nous avons fait un mauvais choix au départ. Le choix du format orchestre n’est pas un bon choix pour nous, dans notre contexte. Quand vous créez un orchestre, vous créer une société avec des gens que vous devez payer. Hors la musique comme telle ne produit pas chaque jour. C’est après deux ou trois ans qu’on sort un album. Cette formule maintient les gens dans un groupe avec l’espoir qu’un jour meilleur viendra. Or ce jour meilleur parfois ne vient pas. Et cela crée des conflits», argumente-il.

Il recommande aux héritiers de Papa Wemba, sur le plan culturel et biologique, de prendre le temps de réfléchir et éviter des conflits.
 
«Il faut encourager les talents formés par Papa Wemba à s’approprier de ce qu’ils ont reçu de  Papa Wemba. Mais qu’ils sachent qu’ils ne remplaceront pas la star planétaire», prévient Serge Makobo.
 
Il s’entretient avec Paul Matendo Mayamba.

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