Kinshasa: inauguration de trois stades municipaux

Le ministre des Sports, Denis Kambayi, inaugure le stade "Paul Bonga Bonga" de la commune de Barumbu. Photo Droits Tiers

Le ministre des Sports, Denis Kambayi Cimbumbu a inauguré, mardi 2 août, trois stades municipaux dans les communes de Barumbu, Matete et Ngaliema (Kinshasa). Le stade de Barumbu porte le nom de «Paul Bonga Bonga», celui de Matete s’appelle «Jean Kembo». Le stade de Ngaliema est nommé «Jean Muntubile». Dans un entretien accordé à Radio Okapi, le consultant du desk sport de Radio Okapi, François Siki Mbemba, a salué l'initiative du gouvernement, consistant à immortaliser ces trois gloires du football congolais.

Radio Okapi : François Siki, vous êtes responsable de desk sport à l’Agence congolaise de presse (ACP) et consultant de Radio Okapi. Le ministre des Sports a inauguré les stades municipaux à Matete, Ngaliema et Barumbu. Vous qui êtes de Barumbu, cette inauguration est-elle une bonne nouvelle ?

François Siki : très bonne nouvelle dans la mesure où le gouvernement a décidé de placer les noms de ceux qui ont fait la gloire de notre football à différentes époques. A Barumbu, on a donné le nom de Paul Bonganga que j’ai bien connu. Il était considéré comme le roi Pelé d’Afrique à la fin des années 50. Il [Paul Bonganga] pouvait rivaliser avec les Ezebio [le joueur portugais de renom]. Quand il part en Europe, en 1959 juste après la tournée de l’équipe nationale du Congo-Belge «Les Lions», il avait fait le rayonnement du football belge. En 1961, il avait remporté le soulier d’argent avec Standard de Liège qu’il avait réussi à amener jusqu’en demi-finale de la coupe d'Europe.

Radio Okapi : Le stade de Matete porte le nom de Kembo ?

François Siki : Jean Kembo est parti de Kisantu, au sein de l’AS Dragons. Il est venu dans l’AS VClub en 1967, où il marquait dans tous les matches. C’est pour cela le feu chroniqueur sportif Lucien Tshimpumpu l’avait surnommé "Monsieur le but». Kembo n’avait pas encore 20 ans mais il était déjà incorporé au sein de l’équipe nationale de football. Les lions étaient humiliés par les Blacks Stars du Ghana sur le score de trois buts à zéro, le 30 juin 1966. Jean Kembo était parmi ceux qui étaient incorporés dans l’équipe de Belgicains [Les professionnels congolais retournés de la Belgique]. Il est de ces joueurs qui, déjà en 1968, avaient remporté la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) et celle de 1974. Le même Kembo était champion d’Afrique de Ligue des champions en décembre 1973 avec l’AS VClub.

Radio Okapi : C’est la même chose au niveau de Ngaliema pour Santos ?

François Siki : Djalma Santos était un grand joueur de l’équipe nationale brésilienne de qui Muntubile Ndiala a pris le surnom. Jean Muntubile Santos, bien que n’ayant pas de titres au niveau africain, a rayonné sur notre football. Il était un grand nom. Quand il est arrivé à l’AS Bilima en 1977, il est venu à la rédaction du journal Salongo, où j’étais chef de desk sport, pour me dire qu’il était venu pour offrir les titres de championnat de Kinshasa et la Coupe du Congo alors Zaïre. Il a tenu la parole. Déjà en 1978, il est champion de Kinshasa avec Dragons et en 1979, il est champion du Congo et en 1980, il va plus loin en amenant l'AS Bilima en finale de la Coupe d’Afrique de clubs champions [actuelle ligue des champions de la CAF]. A Garoua, Bilima fait match nul de deux buts partout contre Canon sportif de Yaoundé et perd trois buts à zéro au match-retour à Kinshasa. Frustré après cette finale ratée, Muntubile est allé en Europe, où il avait fait sensation au sein du club français Sochaux. Jean Muntubile Ndiala est un grand nom, il le mérite.

Radio Okapi : La construction de ces stades municipaux est importante pour la jeunesse ?

François Siki : Pour être sincère, je ne crois vraiment pas parce qu’il y avait des terrains qu’on aurait pu arranger autrement.  C’est bien de mettre les jeunes gens dans de bons cadres mais est-ce que la formation va-t-elle suivre, les mentalités vont changer juste parce qu’ils sont dans de bonnes installations ? Attendons voir.

Radio Okapi : la gestion après-construction sera importante ?

François Siki : Chez nous [en RDC], nous ne savons vraiment pas entretenir les choses.

Radio Okapi : Vous pensez qu’il faudra laisser la gestion de ces stades aux privés ?

François Siki : Je pense qu’il faut laisser la gestion de ces stades aux banques comme en Afrique du Sud.

Propos recueillis par Christian Mulumba Kalumba.