Corneille Nangaa : « Je suis en contact permanent avec le Rassemblement »

Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Corneille Nangaa affirme être en contact avec toutes les institutions et acteurs impliqués dans le processus électoral. Même si le Rassemblement exige sa démission, il indique qu’il est en contact permanent avec ce regroupement d’opposants dirigé par Etienne Tshisekedi. Dans une interview accordée lundi 10 octobre à Radio Okapi, Corneille Nangaa parle de l’évaluation du processus de révision du fichier électoral, de la relation entre son institution et la Cour constitutionnelle, mais aussi avec la société civile et la communauté internationale. Interview.

Radio Okapi : Que peut-on retenir aujourd’hui de l’évaluation du processus de la révision du fichier électoral ?
 
Corneille Nangaa : L’opération se déroule bien. Au niveau du Nord-Ubangui, la province pilote, nous avons franchi dès la semaine dernière, le cap de 500 000 enrôlés. Et il y a la bonne nouvelle que nous avons aujourd’hui : l’engouement a repris ; les centres sont encore remplis, et l’enrôlement se poursuit normalement.
 
Radio Okapi : Le calendrier que la CENI a proposé au dialogue a été contesté par une frange de la classe politique. Allez-vous proposer une autre alternative ?
 
Corneille Nangaa : Ce que nous avons proposé au dialogue, ce sont plutôt des indications qui sont des exigences techniques qui répondraient ou qui répondent à l’option qui a  été choisie de combiner trois ou quatre scrutins le même jour. Si l’accord est signé dans ce sens, la CENI va se réunir en plénière et publier le calendrier.
 
Radio Okapi: Le conclave du Rassemblement a proposé votre démission et de toute l’équipe de la CENI. Quelle est votre réaction ?
 
Corneille Nangaa : Les opinons vont dans tous les sens sur le fonctionnement de telle ou telle autre institution. Mais l’institution de la CENI comme les autres fonctionnent conformément aux lois qui les organisent. Même si c’est une démission des acteurs de la CENI, nous le ferons conformément à la loi qui nous a installés. Entre temps, nous respectons les points de vue des uns et des autres. J’avais émis le vœu de venir au conclave [du Rassemblement] pour faire des présentations. Malheureusement, on a semblé me dire qu’on m’ignorait là bas. Ça aurait été mieux que toutes les questions électorales se gèrent conformément aux lois qui nous régissent. S’il y a un problème avec la CENI, ce n’est pas à la presse qu’il faut le dire. Il faut venir nous voir  nous sommes disposés à recevoir tout le monde et à discuter avec tout le monde. Nous n’avons rien à cacher en ce qui concerne la CENI. L’essentiel est qu’on se mette au boulot. Qu’on aille de l’avant, qu’on enrôle. Après l’enrôlement nous passerons aux activités des scrutins et nous arriverons aux élections voulues par tous et par tous les Congolais.
 
Radio Okapi : Qu’en est-il de votre requête introduite à la Cour constitutionnelle ?
 
Corneille Nangaa : La Cour constitutionnelle est une institution indépendante aussi. Je ne connais pas comment ils sont en train de travailler. Mais nous attendons. Ils travaillent conformément à leur procédure. Je ne sais vraiment rien, j’ai déposé la requête. Ils vont nous répondre et le jour où ils vont nous répondre nous verrons ce qu’il y a à faire.
 
Radio Okapi : Dans l’entre temps vous êtes accusés de complicité avec la Cour constitutionnelle pour prolonger le mandat [du chef de l’Etat] ou le processus des échéances électorales…
 
Corneille Nangaa : Je suis en complicité avec toutes les institutions, ainsi qu’avec tous les acteurs impliqués au processus électoral. Je collabore avec tout le monde, même ceux qui pensent autrement, je les reçois, ils me reçoivent. Je discute avec tout le monde. La complicité avec les institutions, oui. La loi me demande de collaborer avec toutes les institutions. Si je ne collabore pas avec les institutions, comment je vais fonctionner ? Je suis en complicité avec tout le monde, la société civile, même la communauté internationale. Et même avec la classe politique, opposition, majorité et tous les autres impliqués au processus électoral.
 
Radio Okapi : Dans cette complicité vous ne citez pas le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, vous êtes avec eux aussi ?
 
Corneille Nangaa : Je suis en contact permanent avec le Rassemblement. Je vous ai dit tout à l’heure que j’avais fait la demande expresse que je vienne aussi faire la présentation lors du conclave. La réponse que j’ai eue était qu’on m’ignorait là-bas. Mais je suis en contact avec tous les ténors, tous les penseurs qui sont aussi bien au Rassemblement qu’ailleurs. Je disais d’ailleurs à l’un des ténors du Rassemblement que pour le moment il y a des faucons, mais il y a aussi des colombes. Il y a des radicaux aussi bien du côté de la majorité que du côté de l’opposition. Il y a aussi des colombes dans tous les camps. Pour le moment, que les faucons se taisent un peu et qu’on regarde que les colombes prennent un peu le dessus. L’essentiel est que le peuple congolais attend les élections mais que ces élections soient bien organisées.
 
Radio Okapi : Est-ce que cette ignorance du côté du Rassemblement ne vous a pas découragé ?
 
Corneille Nangaa: Ça me découragerait en quoi ? Ce n’est pas tout le monde que je veux rencontrer qui va accepter de me rencontrer. Pour moi ce qui est intéressent est que la CENI en tant qu’institution reste neutre. Nous demandons aux acteurs d’attendre pour que nous nous convenions que du jour et de comment le mach va se jouer. Quand une équipe ne veut pas me recevoir ce n’est pas un problème mais nous avançons. Mais pour ce qui nous unit tous, nous sommes d’accord que nous n’aurons pas les élections si on ne termine pas le fichier électoral. Ne vous distrayez pas. L’enrôlement est organisé. Que les gens s’organisent pour s’enrôler massivement. Que les agents que nous allons recruter cette semaine se mobilisent pour se préparer à cette grande opération nationale je demande aux acteurs que les colombes prennent le dessus. Pour le moment, parce que nous passons une période délicate, que les faucons se taisent un peu et que ceux qui peuvent arrondir les angles prennent le dessus. Ça nous permettra de trouver le consensus sur de problèmes qui ne sont même pas des problèmes. Il est nécessaire qu’on attende des élections et elles sont en train de venir.​

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Propos recueillis par Jean Désiré Kanyama.